L’instinct maternel existe-t-il ?

Cette question angoissante préoccupe toutes les mères. L’arrivée d’un enfant nous plonge brutalement dans l’obligation de devoir apprendre ce que l’on ignore. De cet apprentissage va naître et croître votre instinct maternel, cette interaction précoce entre vous et votre enfant.

L’instinct maternel est un lien particulier qui s’établit entre la mère et l’enfant dès la conception. L’instinct maternel ne se développe qu’avec la maternité, vous ne pourrez pas dire, avant de l’avoir expérimenté, que vous n’en avez pas. L’instinct maternel, c’est une relation tellement intime que personne d’autre que vous ne peut juger que vous en êtes pourvu.

L’instinct maternel, ça se développe

Le souhait d’avoir un enfant existe en chacun de nous, homme et femme. À la base de ce désir se trouvent l’envie de donner la vie, le souci de perpétuer son nom et son existence et surtout d’accompagner un petit bout d’homme dans ses apprentissages.

Or, les bébés n’arrivent pas avec des fiches pratiques et un mode de fonctionnement. C’est aux parents d’apprendre petit à petit, en se trompant aussi, comment faire avec chacun de leurs enfants selon leurs besoins propres.

Au commencement, le désir d’enfant

En ce sens une femme ne naît pas mère, elle le devient. Cet instinct maternel se noue pendant la grossesse entre la future maman et son bébé. C’est ce sentiment, mélange de don de soi, d’échange et de responsabilité qui rend la suite possible. Une mère développe une très grande sensibilité qui la rend attentive au comportement de son enfant. C’est un véritable langage fait de demandes et de besoins qui ne sont pas clairement exprimés mais qu’une mère sait reconnaître et anticiper. Cet instinct ne cessera de se développer allant parfois jusqu’à l’extrême. On comprend que pour une maman tous les dessins de son enfant sont les plus beaux, tous les petits bobos sont les plus douloureux. Elle sait alors « d’instinct » trouver le mot qui l’encourage ou le geste qui réconfortera son petit. C’est à cause de cet instinct que toute séparation est difficile. Que celle qui n’a pas pleuré en laissant son petit pour la première fois lève la main !

L’alimentation : un « trait d’union »

  • Dès les premiers mois de la conception, la relation entre une mère et son enfant passe par l’alimentation : toute mère nourrit son enfant à l’intérieur de son ventre, via le cordon ombilical. Elle lui fait littéralement don d’une partie de soi. Puis elle continue après la naissance avec l’allaitement ou le biberon. Cela reste vrai quand l’enfant grandit et que le mode d’alimentation a changé.
  • De cette dépendance entre une mère et ses enfants naît une grande partie de l’amour qu’elle leur porte. C’est un besoin incontournable qui la conforte dans son rôle protecteur. Quand un enfant mange bien et de bon cœur, sa mère y trouve la preuve qu’elle s’en occupe avec amour. En revanche, quand il rejette la nourriture qu’elle lui a préparée, elle s’inquiète parce qu’inconsciemment elle développe le sentiment d’être rejetée.

Se rencontrer, se découvrir et s’attacher

Le pédiatre américain, Thomas Berry Brazelton explique que « le bébé fait au moins la moitié du chemin dans la direction de son père et de sa mère ». Déjà, les premiers jours de sa vie, le nouveau-né est capable de répondre et d’échanger avec ses parents. Il sourit même très rapidement lorsque sa maman s’occupe de lui. Les bébés aveugles aussi. Leur sourire est déclenché par la voix, le contact et le souffle.

Grâce à ses cinq sens, il teste toute une gamme de sensations et manifeste des réactions spécifiques. Autant dire qu’il a déjà son caractère : il pleure et s’agite dans son berceau ou, au contraire, il reste calmement allongé, les yeux ouverts.

Il se manifeste auprès de ses parents et petit à petit, le sentiment d’attachement de sa mère va se concrétiser après une période de « blues » plus ou moins forte, plus ou moins ressentie et un état de fatigue latent.

La mère va alors manipuler davantage son bébé, lui parler, le bercer, le calmer… bref, comprendre les besoins et les attentes de son enfant.

Selon certains psy, c’est le moment où mère et enfant s’ajustent progressivement l’un à l’autre.

L’amour maternel se multiplie

Comment réagir si on aime tellement son aîné qu’on a peur de ne pas éprouver les mêmes sentiments pour un second enfant ? Cette réaction est très fréquente quand une femme se découvre un instinct maternel très fort dans la relation avec son premier bébé. Est-elle capable de faire de la place à un deuxième enfant ? La nature humaine étant bien faite, l’instinct maternel fonctionne pour tous les enfants. Toutefois, ce qui peut changer c’est la façon de les aimer, elle sera forcément différente en fonction du caractère et de la personnalité de chacun.

Et le père dans tout ça ?

Les chercheurs du Laboratoire de psychologie de l’enfant (Paris X-Nanterre) ont démontré que les bébés élevés dans des familles où le père participe autant ou plus que la mère aux soins, manifestent les signes d’un attachement au père comparable à celui qui se produit d’ordinaire avec la mère. L’instinct paternel existe-il pour autant ? Oui !, répondent en cœur les papas préoccupés par la santé, l’avenir… de leurs enfants. D’une façon générale, lorsqu’on parle des pères, plus que l’instinct, on évoque cet amour progressif qui se construit au fil des échanges avec l’enfant. Le sentiment paternel est réfléchi, conscient, à l’inverse de l’instinct maternel. Mais pour que cet attachement se développe, le rôle de l’entourage est primordial, à commencer par les mères qui devraient laisser davantage d’initiatives aux pères. Quitte à ce qu’ils fassent différemment d’elles !

Un sixième sens ?

N’écoutez pas les bonnes copines, les « spécialistes » qui savent tout de la pédiatrie, les « mieux que tout le monde » dont les enfants font tout mieux que les autres, les « cool » qui pensent qu’avoir un enfant c’est naturel et qu’on peut le changer sur la table, etc. Fiez-vous à votre bon sens ! Suivez toujours votre « nez », votre sixième sens… bref, votre instinct maternel. Si, si, quel que soit le nom qu’on lui donne, c’est bien d’instinct maternel qu’il s’agit !

La peur de devenir maman

Avant de devenir une maman, une femme peut être persuadée de ne pas avoir ce fameux instinct maternel. Il n’y a rien d’irrémédiable à cela. Peut-être a-t-elle elle-même connu des problèmes relationnels avec sa propre mère. Elle développe alors un sentiment de peur à l’idée de sa future maternité et de vivre ce qu’elle a elle-même fait endurer à sa propre mère. Ou de reproduire ce que sa mère lui a imposé dans sa jeunesse, voire plus tard. Il peut être utile de consulter une psychologue qui a l’habitude de travailler en maternité. Cela permet de se libérer de ses angoisses et de retrouver confiance en sa fibre maternelle et en sa capacité d’aimer.

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