Choix du nom de famille pour bébé une décision lourde de conséquences pour l’enfant

Les enfants peuvent désormais porter le nom de leur papa, de leur maman ou bien les deux accolés : c’est un gros chamboulement dans le domaine des noms de famille. Mais ce qui peut paraître simple en apparence ne l’est pas tant que ça, surtout pour les futures générations.

Une tradition du XIIe siècle sur le patronyme, à savoir la primauté du nom du père, a disparu le 1er janvier 2005 avec le décret de la réforme du nom de famille. Depuis 1972, le Conseil de l’Europe réclamait la suppression de la discrimination à l’encontre des femmes, au sujet du nom de famille donné aux enfants. Cette nouvelle liberté laisse déjà entrevoir des conséquences d’importance variable pour les descendants.

À qui s'applique la réforme du nom de famille

  • La nouvelle loi s’applique, aussi bien pour les enfants naturels que légitimes, nés après le 1er janvier 2005. Les autres, âgés de moins de 13 ans au 1er septembre 2003, peuvent aussi profiter de cette réforme. Ils peuvent ajouter l’un des deux noms (père ou mère) manquants en formulant une demande auprès de l’officier d’état civil.
  • Afin de créer une unité dans la fratrie, le nom de famille décidé lors de la naissance du premier enfant s’appliquera par la suite aux autres frères et sœurs.
  • Les répercussions sont non négligeables. On verra, peut-être, apparaître la prépondérance des prénoms courts. Choisir une formule composée (Marie-Louise par exemple), serait une charge supplémentaire à un nom de famille à rallonge.

Parité contre paternité

Pour certains pères, la pilule de la réforme du nom de famille a un peu de mal à être avalée. Certains parlent de rupture avec une vieille coutume et craignent le déséquilibre. La reconnaissance d’un enfant à sa naissance est un acte symbolique de filiation très fort. Les hommes vivent en général les neuf mois de grossesse en se sentant un peu à part, et deviennent pères le jour de la naissance. À cela, s’ajoute le nombre élevé de divorces qui met parfois les papas un peu sur la touche, alors si en plus, on leur vole leur nom !

Mots de papas

  • Jean-Marc, 30 ans, papa de Madeleine, 2 ans : « Cette réforme ne nous donne plus beaucoup de place, à nous, les pères. Personnellement, je viens de divorcer et je mène un combat pour obtenir la garde de ma fille. Si en plus, il faut se battre pour notre nom cela décuple la tâche ! »
  • Jacques, 45 ans, papa de Baptiste, 2 mois : « Je trouve cela très juste de pouvoir accoler les deux noms. Mais je m’interroge sur les générations suivantes, elles devront trancher parmi plusieurs noms de famille, j’imagine déjà les discussions ! »
  • Antoine, papa de Jules, 1 an : « Faire le choix du nom de famille fera, peut-être, un peu plus prendre conscience de ce que de devenir père, ou mère, signifie. Il va y avoir des discussions et puis ce sera le moment de s’interroger sur la transmission, ce que l’on veut laisser à ses enfants de l’histoire familiale, je trouve cela très bien. »

Un poids pour la descendance

Aujourd’hui, la première génération d’enfants avec le nom de leur père et de leur mère accolés ne posent pas de soucis majeurs. Le cadeau « empoisonné » sera pour la génération suivante. Quand, par exemple, Marie Duprés-Durand et Jean Dubois-Martin auront un enfant, il faudra trancher : on ne pourra pas transmettre quatre noms, il y aura des choix à faire ! On imagine déjà les scènes familiales quand il faudra annoncer à papi ou à mamie que son nom est passé aux oubliettes, pour raisons administratives.

Faites votre choix !

Nathalie Miller et Pierre Durand. De leur union naît Louis. Ce petit garçon pourra, avec la nouvelle réforme du nom, choisir entre 4 noms de famille : Louis Miller–Durand, Louis Durand–Miller, Louis Durand (nom de famille de son papa) ou Louis Miller (nom de famille de sa maman). Louis, devenu adulte, désire fonder une famille avec Lucie Martinez–Martin. Ils ont une petite fille qu’ils prénomment Pauline. Au moment de la déclaration devant un officier de l’état civil, ils devront choisir le nom de famille de Pauline, il y a alors 16 possibilités : Pauline Miller–Durand, Pauline Durand–Miller, Pauline Martinez–Martin, Pauline Martin–Martinez, Pauline Miller–Martinez, Pauline Martinez–Miller, Pauline Miller–Martin, Pauline Martin–Miller, Pauline Durand–Martinez, Pauline Martinez–Durand, Pauline Durand–Martin, Pauline Martin–Durand, Pauline Miller, Pauline Durand, Pauline Martinez ou Pauline Martin ! Imaginez à la génération suivante !

Futur casse-tête administratif

Du côté des notaires et des généalogistes, on s’interroge. Le fait de supprimer certains noms de familles pourra considérablement brouiller les pistes au moment de la recherche d’héritiers. On estime que dans deux, trois générations, les repères seront flous pour retrouver une lignée familiale. Certains descendants ne sauront plus comment leur nom, symbole de la filiation, a été transmis.

Génération déboussolée

Certains montrent déjà les conséquences futures de l’enfant, privé de repères familiaux. Le nom est un héritage qui s’inscrit dans une histoire, dans une identité. Avec le phénomène grandissant des familles éclatées, recomposées, la crainte est de voir des enfants se fragiliser par manque de repères familiaux et d’une histoire liée à leur nom. Le fameux : « D’où viens-je ? Où vais-je ? »

Histoire de tiret

Une fois le casse-tête familial du double nom définitivement tranché, il faudra se plier à une règle, qui relève plus d’une contrainte d’orthographe : celle du double tiret. En effet, le choix d’un double nom devra être associé à deux petits traits entre les deux. Si l’enfant s’appelle Léa Martin (nom de son père) et Rousseau (nom de sa mère), il faudra l’écrire : Léa Martin–Rousseau. Ces deux bâtonnets sont préconisés afin d’éviter de créer la confusion avec des noms doubles déjà existants, qui eux, ont seulement un tiret : Lefebvre-Utile. Reste à savoir si la majorité des parents, personnel chargé de l’état civil ou, plus tard, la personne concernée penseront systématiquement à ces deux petits tirets au moment d’écrire le double nom. Sinon gare aux confusions !

Déclaration à la mairie, mode d’emploi

Mariés ou pas, quand vous êtes parents et que vous optez pour un nom précis pour bébé, il faut vous rendre ensemble à la mairie. Il vous faudra alors remplir une attestation sur l’honneur en indiquant vos choix : noms de famille du père et de la mère accolés, nom de la mère ou du père seul. Si vous n’arrivez pas à vous mettre d’accord ou si personne ne fait la démarche, c’est le nom du père qui l’emportera et que portera l’enfant. Le nom de famille sera valable pour les frères et sœurs qui viendront agrandir la famille et il sera difficile de faire marche arrière une fois le choix tranché. Pour plus de renseignements, adressez-vous à la mairie de son domicile ou sur le site www.service-public.fr (rubrique famille).

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