Quel lait choisir ?

Anti-reflux, hypoallergéniques, à base de protéines de soja… Ces dernières années ont été particulièrement riches en innovations concernant le marché des laits artificiels pour bébés. Comment s’y retrouver ? Que contiennent ces laits et à quoi servent-ils ? Avant de faire votre choix, apprenez à décoder les étiquettes. Voici les clés qui vous permettront de mieux comprendre la composition des laits industriels.

Les laits pour alimentation normale

Préparés à partir de lait de vache modifié, ils contiennent de 1,5 à 3 g/100 ml de protéines, en particulier de caséine, qui a pour effet d’épaissir le bol alimentaire, procurant ainsi un sentiment de satiété (sensation de remplissage de l’estomac).

Les laits classiques contiennent également des glucides, notamment du lactose, un sucre très rapidement digéré grâce à une enzyme intestinale appelée lactase. En créant un appel d’eau au niveau de l’intestin, le lactose a pour effet de faciliter le transit. Pour modifier le sucrage, les industriels lui associent un ou plusieurs sucres complexes. La plupart du temps, il s’agit de dextrine-maltose (ou malto-dextrine) qui présente l’avantage de ralentir la digestion et donc de repaître l’enfant si c’est un petit gourmand !

Enfin, à la différence du lait de vache, les lipides présents dans les laits industriels sont uniquement d’origine végétale pour une teneur plus élevée en acides gras essentiels, indispensables à la croissance de l’enfant et particulièrement au bon développement de son cerveau. Enrichis en fer et en vitamine D, ces laits dits classiques sont destinés aux petits qui ne présentent pas de problèmes digestifs particuliers.

Lait de vache et lait maternel

Le lait de vache est trop riche en protéines (surtout caséine), trop riche en sels minéraux, pauvre en acide gras essentiels, pauvre en fer. Le lait de vache, surtout s’il est demi-écrémé, est totalement inadapté à l’alimentation du nouveau-né. Parce qu’ils s’efforcent de copier le lait maternel, les laits pour nourrissons sont amenés à des transformations sous la forme d’ajouts de substances présentes dans le lait de la mère et pas dans les laits artificiels.

À chaque complication son lait

Certains laits ont en revanche une formule « spécifique » qui vient répondre à une complication précise. Par exemple :

  • Les laits AR et « Confort » (anti-régurgitations) : ils contiennent un épaississant type amidon de riz ou de maïs, ou farine de caroube. Ils sont destinés aux bébés qui ont des régurgitations importantes.
  • Les laits HA (hypoallergéniques) : destinés aux bébés génétiquement prédisposés à développer des allergies (eczéma atopique, asthme…). Ce sont des laits qui contiennent des protéines partiellement hydrolysées, c’est-à-dire cassées en tous petits morceaux. L’objectif est de limiter l’effet allergisant des protéines de lait de vache.
  • Les laits fermentés ou acidifiés contiennent des ferments lactiques qui ont pour but de diminuer les troubles digestifs persistants, les coliques.
  • Les laits prébiotiques : Ils contiennent des ingrédients alimentaires non digestibles qui stimulent la croissance d’une flore avec des effets bénéfiques sur les infections intestinales. Les laits probiotiques eux, contiennent des micro-organismes tels le bifido bacterium lactis souche Bb 12 qui prévient la diarrhée et stimule la production d’IgA.
  • Les laits sans lactose conviennent aux épisodes diarrhéiques, notamment en cas de gastro-entérite où l’activité de la lactase est réduite par l’agression virale.
  • Les laits anallergiques, également appelés hydrolysats de protéines poussés, ne sont plus des laits mais des préparations complexes indiquées dans l’intolérance aux protéines du lait de vache ou dans le cas de certaines diarrhées chroniques.
  • Les laits « pré » : réservés aux bébés de faible poids de naissance (moins de 2 kg 600), donnés jusqu’à 3 kg, ils permettent de rattraper le retard staturo-pondéral et aident à la croissance et au développement cérébral.
  • Les laits à base de soja : ces préparations ont pour particularité d’être dépourvues de lactose, remplacé par des malto-dextrines, et de ne comporter aucun élément du lait de vache. Elles peuvent être utilisées soit dans l’alimentation normale du nourrisson, selon le désir des parents, soit lors de certains troubles digestifs mineurs, lorsque l’absence de lactose semble préférable. Elles peuvent également servir en cas d’allergie aux protéines du lait de vache, mais il faut alors se souvenir qu’environ 1/3 des enfants allergiques au lait de vache le sont aussi au soja. Il existe aussi d’autres laits végétaux que l’on peut donner aux bébés : le lait d’amande et le lait de riz. Demandez conseils à votre médecin.

Terminologie du lait

  • Il y a quelques années, le ministère de la Santé a interdit d’utiliser l’appellation « lait maternisé » car sa signification « lait proche du lait maternel » était source de confusions.
  • La bonne terminologie pour définir ce type d’alimentation est donc aujourd’hui la suivante :
    Préparations pour nourrissons. Ces préparations pour le « premier âge » sont destinées à l’alimentation particulière des nourrissons pendant les quatre à six premiers mois de leur vie et répondent à elles seules aux besoins nutritionnels de cette population.
    Préparations de suite. Ces préparations « deuxième âge » sont destinées à l’alimentation particulière des nourrissons de quatre à douze mois et constituent le principal élément liquide d’une alimentation progressivement diversifiée.
    Formules de croissance. Selon les marques, ces laits de longue conservation, présentés sous forme UHT comme des laits de consommation courante, s’adressent aux enfants de 10 mois jusqu’à 3 ans. La plupart d’entre ces laits sont dits « classiques » c’est-à-dire qu’ils sont destinés aux petits qui ne présentent pas de problèmes digestifs particuliers.

Quel lait donner en cas de diarrhée ?

Jusqu’à hier, on considérait que le lait devait être supprimé de l’alimentation du petit diarrhéique. Aujourd’hui, si l’enfant est nourri au sein, on estime qu’il doit continuer le lait habituel. Chez les moins de trois mois nourris au biberon, on recourt pendant 3 à 4 semaines à un hydrolysat de protéines, mais il s’agit avant tout d’une mesure de précaution : cela permet une éviction des protéines du lait de vache, qui, sur des muqueuses lésées, entraînent un risque d’allergie important. Chez les enfants de 3 à 6 mois, on peut prescrire un lait sans lactose, car ce sucre du lait est digéré par une enzyme dont l’activité est réduite par l’agression virale. Chez le nourrisson de plus de 6 mois, le lait sans lactose ne doit remplacer le lait habituel que s’il s’agit d’une forme sévère ou si la diarrhée persiste au-delà de 5 à 6 jours. Celui-ci devra être poursuivi pendant 1 à 2 semaines. Dans tous les cas, le retour au lait habituel se fait sans transition. Les remplacements progressifs d’un lait par l’autre, trop souvent prescrits et difficiles à effectuer, sont totalement inutiles.

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