Mon enfant est-il en retard ?

« Il ne se tient pas debout et ne dit pas b.a.-ba à 9 mois, est-ce grave docteur ? » Les parents sont inquiets face au développement de leur enfant. Comment reconnaître un retard mental et calmer les angoisses, souvent inutiles, des parents ?

Le développement psychomoteur de l’enfant peut révéler un retard intellectuel. Mais attention à ne pas trop généraliser !

L’intelligence, c’est quoi ?

C’est l’aptitude de chacun à s’adapter à différentes situations, à progresser. L’intelligence ne se limite pas à un calendrier précis : tenir sa tête à 4 mois, marcher à 12… Mais plutôt, marcher quand c’est le moment ! Si l’enfant n’éprouve pas le besoin de marcher à 12 mois, il le fera à 17 et alors ? Cette marche dite tardive, par rapport à une moyenne, ne traduit en rien un retard d’intelligence. Votre enfant est juste légèrement décalé par rapport à une norme fixée. Ses premiers pas seront guidés par un objectif qu’en règle générale, il se fixe lui-même.

Le QI en question ?

Le quotient intellectuel est le rapport établi entre une note obtenue par un enfant sur un test de développement intellectuel et la moyenne des notes obtenues par d’autres enfants du même âge. Seule l’intelligence dite cognitive est prise en compte dans ce genre de test. Or l’intelligence est-elle purement cognitive ? Non, lorsque l’on sait que le traitement de l’information intègre d’autres paramètres tels que l’émotion qui, elle, n’entre pas en compte dans un test de QI. Le résultat d’un test de QI est sans conteste un indicateur de retard mental ou, au contraire, de « surdoué », mais ce test ne peut être l’unique lecture dans le diagnostic d’un retard mental.

Définition du retard mental

Un retard mental est révélé par des difficultés de développement intellectuel. Elles peuvent être repérées très tôt.

  • L’arriération mentale est rare et diagnostiquée par un médecin. Les symptômes sont divers et il faut être prudent dans le diagnostic : on constate une absence du maintien de la tête, impossibilité de tenir assis, de marcher, de parler ou d’être propre, troubles qui persistent au-delà de certains âges de référence.
  • Avant de poser un diagnostic, le médecin procèdera à plusieurs examens afin de ne faire aucune confusion avec d’autres troubles. Parmi les différents tests, un mètre étalon : le QI. On parle de débilité légère pour un QI compris entre 65 et 80 ; de débilité moyenne entre 50 et 65 ; de débilité profonde entre 30 et 50.

Causes et symptômes d’une arriération mentale

Les causes d’un retard mental restent mystérieuses dans 70 % des cas. La plupart sont d’origine anténatale. Il peut s’agir d’hérédité, de malformation cérébrale, d’infections, d’aberration chromosomique, etc. Il existe également des causes liées à un accident périnatal ou survenu après la naissance : une intoxication au plomb, les séquelles d’une noyade, etc. À chaque âge ses apprentissages. Il ne faut pas s’inquiéter outre mesure mais consulter un pédiatre si vous constatez une absence d’évolution dans le développement de votre enfant.

Diagnostiquer le retard mental

  • Un retard mental doit être diagnostiqué par un médecin.
  • Il faut être prudent dans un tel diagnostic et bien distinguer l’arriération mentale d’autres déficits, comme un déficit sensoriel (malvoyance, surdité…), ou encore un problème de dyslexie, dysphasie, trouble de latéralisation, handicap moteur.
  • Des difficultés scolaires ou un retard lié à un trouble psychoaffectif n’indiquent pas automatiquement un déficit mental de l’enfant.
  • De même, des troubles mentaux tels que les bouffées délirantes, la psychose infantile ou encore l’hyperémotivité ne traduisent pas forcément un retard d’intelligence.

Les différentes étapes de développement de l'enfant

Votre enfant évolue sans subir de pressions calendaire ou sociale. Ces repères correspondent à des moyennes, et le développement reste variable d’un enfant à l’autre.

  • 0/18 mois – période orale : la nourriture, l’objet, tout passe par la bouche… La première année est celle des découvertes et des efforts musculaires, surtout chez le nourrisson ! Le maintien de la tête, autour de 4 mois, en même temps que les premiers sourires, craquants ! Vers 8 mois, bébé se tient assis et débute ou pas le 4 pattes. Un mois plus tard il commence à se mettre debout. La préhension va s’affiner tout au long de la première année : vers 10 mois bébé aime ramasser les miettes dans son assiette. À l’approche de son 1er anniversaire, il commence à marcher en crabe autour d’une table. Il fait ses premiers pas avant 16 mois et prononce quelques mots : papa, maman, bain, donne, merci… et d’autres, que seuls les parents comprennent !
  • 18 mois/3 ans : vers 18 mois, l’enfant entre dans le stade anal. Il aime retenir, expulser et adore dire « caca » ! Il progresse tous azimuts : marche, langage, autonomie, coordination des gestes (lancer une balle, pédaler, etc). Période d’opposition vers 2 ans. « Non ! » fait partie de son vocabulaire et ses colères sont phénoménales ! La propreté diurne est située aux alentours de 2 ans. L’autonomie c’est aussi manger tout seul, s’habiller comme un grand et s’entendre dire « bravo » !
  • 3/6 ans : 3 ans déjà ! Le langage est sans cesse plus riche et informatif. La période des « pourquoi » va sonner (entre 4 et 5 ans) ! Les progrès sont impressionnants au niveau du graphisme, avec le fameux test du bonhomme, vers 5 ans ! Mais certains enfants ne sont vraiment pas doués pour le dessin ! L’essentiel est d’observer une progression.

Un parcours semé d’embûches

  • Pas facile pour des parents, des frères et sœurs d’apprendre puis d’accepter un enfant qualifié de « débile léger, moyen ou profond ».
  • Certains parents refusent, à tort, de reconnaître les limites de leur enfant et le maintiennent dans des structures scolaires traditionnelles. L’enfant ne s’y intègre pas, se sent perdu et est parfois victime des quolibets des autres élèves.
  • À l’inverse, accepter les limites de son enfant, c’est l’aider à s’accepter lui-même et à mettre en avant d’autres compétences. Une prise en charge précoce permet de se tourner vers des soins, des apprentissages adaptés. Les soins sont différents selon les capacités des enfants.
  • Les apprentissages sont tournés vers les compétences qui lui permettront de développer une certaine autonomie, si possible : accepter cette forme de handicap, c’est un moyen de le faire accepter tel qu’il est dans sa famille, son quartier. Et cela n’est pas si facile pour les parents. Comme si le retard intellectuel était plus honteux que tout autre handicap. Or, il ne l’est absolument pas. Rassurez-vous, votre enfant est une petite merveille !

À lire aussi