Les antibiotiques

En France, les enfants sont les premiers consommateurs d’antibiotiques, mais aussi les premières cibles des bactéries résistantes. Depuis 2002, l’Assurance Maladie fait campagne pour mieux utiliser les antibiotiques et en préserver l’efficacité.

La surconsommation d’antibiotiques altère aujourd’hui leur efficacité et remet en question la santé de nos enfants.

Élevés aux antibiotiques !

En France, chaque hiver, les enfants de moins de 6 ans se voient prescrire des antibiotiques une fois sur deux. Conséquence : ils avalent le quart de la consommation nationale, surclassant largement nos voisins européens. La plupart du temps ils n’en auraient pas eu besoin. Jusqu’à 6 ans, les enfants, particulièrement exposés aux infections du fait de l’immaturité de leur système immunitaire, souffrent de rhumes, rhinopharyngites, grippes, otites, angines qui sont des maladies majoritairement causées par des virus. Or, les antibiotiques luttent exclusivement contre les infections causées par des bactéries.

Soigner les angines sans antibiotiques

Certaines angines peuvent avoir une origine bactérienne et nécessiter la prise d’antibiotiques. Pour le savoir, les médecins disposent désormais d’un Test de Diagnostic Rapide (le TDR), qui dépiste le strepto Bêta-hemolytique, fourni gratuitement par les Caisses Primaires d’Assurance Maladie. L’acte est totalement indolore et le résultat immédiat.

Les risques liés à la surconsommation d'antibiotiques

La surconsommation des antibiotiques conduit à une perte de leur efficacité face à des bactéries qui deviennent progressivement résistantes aux traitements.

Ainsi, certaines maladies deviennent aujourd’hui plus difficiles à guérir et pourraient, d’ici quelques années, ne plus être soignées du tout. Au premier rang des personnes exposées : nos enfants. L’exemple le plus probant est le pneumocoque : une bactérie responsable de nombreuses infections pulmonaires. Chez les enfants, son taux de résistance aux pénicillines est passé de 0,5 % en 1984, à 60 % en 2001 ! (selon les dernières statistiques). À titre de comparaison : en Angleterre, où la consommation d’antibiotiques est deux fois moins importante qu’en France, ce taux est inférieur à 5 %.

Premier réflexe : se laver souvent les mains

Apprenez-lui l’hygiène ! Limiter l’utilisation des antibiotiques, c’est aussi prévenir les infections. Les mains véhiculent de nombreuses bactéries, issues du tube digestif, des poumons, etc. Par simple contact, elles sont responsables, en grande partie, des épidémies de gastro-entérites et des infections respiratoires chez l’enfant. Dans un univers de la petite enfance tourné de plus en plus tôt vers la vie en collectivité, apprenez-lui à se laver les mains souvent et au bon moment, après être allé aux toilettes par exemple.

Une information efficace

Depuis 2002, l’Assurance Maladie et les professionnels de santé ont lancé une série de campagnes d’information à destination du public. Les résultats ne se sont pas fait attendre : 6,4 millions de traitements inappropriés ont été évités et la consommation des antibiotiques, chez les moins de 6 ans, a déjà baissé de 20 %. Un bilan positif mais encore insuffisant. On estime, en effet, que la moitié des traitements antibiotiques encore prescrits en France est inutile.

Du bon usage des antibiotiques

  • Seul un médecin peut savoir s’il est nécessaire ou non de prescrire des antibiotiques : faites-lui confiance.
  • N’hésitez pas à lui demander des explications sur son diagnostic, mais également sur son ordonnance et l’évolution des petits soucis de nos enfants.
  • Respectez à la lettre l’ordonnance, la posologie et la durée du traitement : sinon, vous risquez d’augmenter la résistance des bactéries.
  • N’interrompez jamais un traitement, même si votre enfant va mieux.
  • Ne donnez jamais vous-même un antibiotique à un enfant : même si vous pensez reconnaître les symptômes. Cela ne signifie pas que c’est la même maladie et ce n’est pas un médicament anodin.

Voici quelques idées reçues sur les antibiotiques qu’il faut vite oublier :

  • un enfant sous antibiotiques ne peut pas être contagieux ;
  • les antibiotiques fatiguent ;
  • les antibiotiques font tomber la fièvre ;
  • les antibiotiques fragilisent le système immunitaire.

Patience !

En l’absence de signes inquiétants (fièvre élevée ou toute fièvre d’un enfant de moins de 3 mois, somnolence, pleurs ou maux de tête intenses, vomissements, diarrhée importante…), attendez deux ou trois jours avant de consulter. Le médecin saura mieux reconnaître l’origine de la maladie et pourra prescrire le traitement le plus adapté. Commencez par soulager votre enfant pour l’aider à passer le cap. Et rassurez-vous : les 2/3 des rhinopharyngites, angines, bronchites, otites… guérissent spontanément en quelques jours, au pire en deux semaines. Fièvre, toux et nez qui coule sont des étapes nécessaires pour parvenir à la guérison et sont les signes de mise en place des mécanismes de défense.

Les bons gestes pour soulager votre enfant

  • Lavez-lui le nez avec du sérum physiologique. Indispensable en cas de nez bouché, notamment chez les plus petits.
  • Aérez sa chambre : humidifiez l’atmosphère si elle est trop sèche. La température de la pièce doit rester entre 18 ° et 20°.
  • En cas de fièvre : Privilégiez le paracétamol.
  • Faites souvent boire votre enfant : un biberon d’eau en plus, la nuit, pour les nourrissons.
  • N’hésitez pas à dévêtir votre enfant.
  • En cas de fièvre élevée résistante aux antipyrétiques (paracétamol…) : donnez un bain à l’enfant, 2 degrés en dessous de sa température corporelle, pendant 10 mn.

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