La poliomyélite

La poliomyélite n’est plus une maladie que l’on craint en France. La vaccination contre cette infection parfois mortelle y est obligatoire depuis 1964 et le dernier cas recensé, importé de l’étranger, date de dix ans. Pourtant, tant que le virus n’aura pas été éliminé dans le reste du monde, la surveillance reste nécessaire.

Avant les campagnes de vaccination massive, la maladie touchait plus de 600 000 enfants par an dans le monde.

Le mot vient du grec : polios veut dire gris, myelos désigne la moelle et –ite est le suffixe qui signe une inflammation en terme médical. La poliomyélite est donc une inflammation de la substance grise de la moelle épinière. Mais ce n’est pas toujours le cas car le poliovirus, qui s’attaque généralement au système digestif, est, la plupart du temps, éliminé automatiquement par le système immunitaire.

Une infection parfois invisible… parfois mortelle

Le poliovirus pénètre dans l’organisme par la bouche et se multiplie dans les intestins. À partir de là, il peut entraîner une paralysie totale en quelques heures ou ne provoquer que quelques réactions relativement mineures : de la fièvre, de la fatigue, des maux de tête, des vomissements, une raideur de la nuque et des douleurs dans les membres.

  • Mais, dans 1 cas sur 100 environ, le poliovirus atteint les cellules nerveuses et peut alors provoquer de graves lésions de la moelle épinière.
  • Là encore, ce n’est pas systématique car, même quand la quasi-totalité des neurones moteurs est touchée, il se peut qu’ils parviennent à établir de nouvelles connexions, laissant le malade sans séquelle. En revanche, si l’atteinte des neurones est massive, c’est la paralysie, voire la mort quand les poumons ne peuvent plus fonctionner.
  • L’une des principales caractéristiques de cette maladie est qu’elle est très contagieuse, même si le malade est asymptomatique, c’est-à-dire qu’il ne présente pas de signes extérieurs d’infection. Et c’est le cas pour 90 % des victimes du virus !

La transmission de la poliomyélite

Comme pour les autres virus de la même famille, celui de la poliomyélite, se transmet d’homme à homme, à partir des excréments d’une personne atteinte, vers le tube digestif d’une autre (transmission féco-orale due à un manque d’hygiène). La poliomyélite peut aussi être transmise par les postillons lors de toux ou d’éternuements. Le virus est présent dans la gorge pendant une semaine et survit pendant 3 à 6 semaines dans les excréments.

Les enfants plus exposés et plus vulnérables

L’image de la poliomyélite nous apparaît souvent comme celle d’une personne paralysée des jambes, et de fait, quand la moelle épinière est atteinte, les membres inférieurs sont le plus souvent touchés, et ce de manière irréversible.

  • Les séquelles sont très diversifiées : pieds bots, bassin ou thorax déformé, cyphose et scoliose… avec un risque de déformation d’autant plus grand que le malade est jeune et que son corps doit s’accommoder des atteintes du virus sur sa moelle épinière pendant la croissance.
  • Il n’existe pas de traitement mais un vaccin. Aucun traitement ne permet de guérir des atteintes du poliovirus. Il est donc nécessaire, et obligatoire en France, de s’immuniser par la vaccination.

Elle peut être réalisée par voie orale et c’est souvent le cas dans les pays en voie de développement. En France, on injecte trois doses de vaccin à un mois d’intervalle, ce qui assure une immunité pour 5 ans, à condition qu’il y ait eu un rappel à 12 mois. À partir de l’âge de 21 ans, les rappels se font tous les 10 ans.

Poursuivre la vaccination

Surtout ne pas relâcher ses efforts sur la vaccination ! En effet, si la couverture vaccinale des enfants de 2 ans est très bonne pour les trois premières doses (97 %), elle baisse déjà un peu pour le premier rappel (89 %) selon une étude du Ministère de la Santé effectuée en 2003. Cette même étude pointe d’ailleurs un relâchement de la surveillance à l’âge adulte puisque 63 % seulement des personnes interrogées, de plus de 21 ans, étaient à jour de leur rappel.

La poliomyélite : une maladie sous surveillance

Mais si la France est exempte de cas de polio depuis plus de 10 ans et que le vaccin y est obligatoire, pourquoi s’en inquiéter ? Parce que la « couverture vaccinale » n’est jamais définitivement assurée. Refus de vacciner dans certaines communautés, négligence dans les rappels… Le virus continue en effet de sévir en Afrique et en Inde. Or, tant qu’il existe à l’état sauvage, il peut muter, voire, dans le pire des scénarios, ne plus être sensible aux vaccins existants. Enfin, les nombreux échanges de populations sur la planète incitent à la prudence concernant une maladie qui souvent ne se voit pas mais peut être transmise…

Une campagne de vaccination mondiale

  • En 1988, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé une grande campagne pour éradiquer la poliomyélite à l’échelle mondiale.
  • À l’époque, l’objectif était de se débarrasser définitivement du virus avant la fin de l’an 2000.
  • Si ce but n’a pas été atteint, la campagne de vaccination mondiale a permis de faire reculer le nombre de cas de polio de 95 %, le nombre de pays où le virus sévit encore est passé de 125 à 30.
  • En Europe, l’élimination a été prononcée en juin 2002, après une épidémie survenue aux Pays-Bas dans une communauté religieuse refusant les vaccins et plusieurs cas en Albanie, en Turquie et enfin en Bulgarie où les deux derniers malades ont été recensés au cours de l’année 2000.
  • La déclaration de cas de poliomyélite est obligatoire en France depuis 1936 et le dernier cas de virus contracté sur le territoire date de 1989.
  • En 2000, la surveillance a été renforcée avec la mise en place d’un Réseau national de surveillance des entérovirus. À ce titre, la recherche de poliovirus se fait désormais aussi dans l’environnement. Quelques souches ont été détectées par ce dispositif, toutes importées.

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