Les dangers de la pollution pour la femme enceinte Par le Professeur René Frydman

Si l’on peut prendre toutes les précautions nécessaires quand il s’agit de soi, de ses habitudes ou de son logement, comment se préserver de la pollution qui vient de l’environnement extérieur ? Bien sûr, votre enfant est encore bien au chaud dans son cocon personnel et se trouve ainsi préservé de bien des agressions extérieures. Mais certains agents polluants inhalés par la maman pourraient bien arriver jusqu’à lui.

Monoxyde de carbone, dioxyde d’azote, ozone, benzène… Ces agents polluants ont un effet néfaste sur les systèmes respiratoire, cardiaque et cérébral. Et l’exposition des futures mamans ne semble pas sans danger pour le fœtus : certaines études évoquent des troubles pulmonaires et cardiovasculaires, d’autres une diminution du poids du bébé et de son périmètre crânien à la naissance. Pour les chercheurs, ces effets seraient perceptibles dès le deuxième trimestre de la grossesse.

On ne sait pas exactement en quoi et pourquoi la pollution de l’air altère la croissance et le développement du fœtus. Cela dit, si les fonctions physiologiques de la future maman sont perturbées par des agents polluants, il est raisonnable de supposer que les échanges mère/enfant le sont aussi et altèrent alors la santé du bébé. Faut-il s’enfermer chez soi pendant neuf mois ? Inutile d’être alarmiste ou paranoïaque : prenez quelques précautions et tout ira bien.

Pics de pollution : barricadez-vous

Quelques conseils si vous habitez en ville : soyez à l’affût des avertissements émis par les autorités de santé publique et évitez de sortir lors des pics de pollution ; en cas de grosse chaleur et de pic de pollution, fermez les portes, les fenêtres, les volets et pensez à vous hydrater régulièrement ; préférez vous aérer en tout début de matinée et de soirée ; fuyez les grands axes routiers et réfugiez-vous dans les espaces verts ; ne sortez pas quand il y a du brouillard, les microscopiques gouttelettes chargées en agents polluants étant plus facilement inhalées ; évitez l’exercice physique à l’extérieur. Bien évidemment, surveillez d’éventuels symptômes (picotements dans la gorge, aux yeux, difficultés à respirer, asthme, etc.).

L’importance du régime alimentaire

Pour se protéger des effets de la pollution, il faut aussi être… en bonne santé ! Renforcez vos défenses immunitaires avec une alimentation saine et équilibrée, un sommeil suffisant, la gestion de votre stress et la pratique régulière d’un exercice physique adapté. D’après certaines recherches, la consommation d’antioxydants pourrait contribuer à protéger de la pollution de l’air. Alors, mangez des mûres, des prunes, des framboises, des fraises ou des artichauts, du chou rouge, des asperges, des brocolis. N’oubliez pas la vitamine C, efficace elle aussi, semble-t-il.

Plomb et amiante sont toujours là

La dangerosité de l’amiante comme du plomb est désormais connue. Si l’exposition à ces deux polluants a considérablement diminué ces dernières années, les sources de pollution ne sont pas toutes taries. L’amiante et le plomb se trouvent encore dans la maison et dans de nombreux objets quotidiens. Le premier, fibre minérale longtemps utilisée comme isolant thermique, acoustique ou électrique dans les logements et l’industrie, est aussi présent dans certaines cuisinières, grille-pain, appareils de chauffage, par exemple. Le second se retrouve dans les peintures anciennes, mais aussi l’essence, et même l’eau du robinet.

Certes, le danger vient d’une forte exposition. Mais, on le sait, les pathologies liées à l’amiante et au plomb touchent plus particulièrement les jeunes enfants et les femmes enceintes. La plus grande prudence s’impose donc pour la future maman. Car on suppose aujourd’hui que l’inhalation de ces produits toxiques conduit à une hypofertilité et à des avortements spontanés. Dans le cas de l’amiante, jusqu’à ce qu’il soit interdit en 1997, les spécialistes évoquent en outre le risque de cancer.

Évitez les pollens

  • Comment se préserver de la rhinite allergique ? Une seule solution : fuir les pollens ! Première étape, informez-vous des périodes de pollinisation auprès du réseau national de surveillance aérobiologique pour adopter le bon comportement. Ensuite, au printemps, promenez-vous plutôt pendant ou juste après la pluie ; quand vous sortez, chaussez vos lunettes de soleil pour éviter le contact du pollen avec vos yeux ; aérez votre maison brièvement et en l’absence de vent ; n’ouvrez pas les fenêtres la nuit : c’est à l’aube, vers 4 ou 5 heures du matin, que les pollens sont puissants et volatils ; enfin, essayez de prévoir le lieu et la date de vos vacances en fonction des périodes de floraison.
  • Si ces précautions ne sont pas suffisantes et si l’allergie revient comme chaque année, ne vous inquiétez pas : sachez qu’elle est sans danger pour le bébé et que différents types de médicaments compatibles avec la grossesse existent. Consultez votre médecin qui vous prescrira le traitement adapté.

Travaux : vous êtes excusée

Conclusion : évitez toute exposition. Et pour cela, évitez tous travaux. Car le risque le plus important vient des bâtiments et de leurs revêtements. Si vous n’habitez pas un logement neuf, n’effectuez aucune rénovation lorsque des matériaux contenant de l’amiante sont susceptibles d’être présents : la dépose de l’amiante doit être réalisée par un spécialiste. Si vous aviez l’idée de refaire votre appartement pour l’arrivée de bébé, ne grattez pas, ne poncez pas les murs pour enlever la peinture au plomb. Mieux vaut repeindre par-dessus ou recourir à un professionnel, ou encore être absente le temps des travaux, si cela est possible.

Des risques à relativiser

Toutes ces recommandations vont peut-être finir par accroître vos angoisses maternelles ! Mais ne vous inquiétez pas pour rien. Stress et grossesse ne sont guère compatibles. L’anxiété, si elle n’est pas réellement dangereuse pour le fœtus, est susceptible de perturber votre sommeil, par exemple, ou votre alimentation. Qui, eux, sont importants. Essayez de relativiser et, surtout, prenez soin de vous. Restez à l’écoute de vos intuitions, de votre corps, faites-vous plaisir, chouchoutez-vous. Tâchez de profiter aussi pleinement que sereinement de ces moments si particuliers dans la vie d’une femme. La grossesse ne doit pas être vécue comme une expérience à hauts risques ! Rassurez-vous : tout se passe généralement très bien. Si, cependant, des soucis ou des chagrins vous déstabilisent, ne restez pas seule avec vos difficultés : parlez-en à un médecin, aux sages-femmes qui vous suivent, ou partagez-les entre futures mamans. Méfiez-vous, cela dit, de l’escalade…

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