La rééducation du périnée Par le Professeur René Frydman

L’accouchement peut être traumatisant pour votre périnée, qui est soumis à rude épreuve lors du travail. Prenez le temps de le rééduquer afin d’éviter d’éventuels problèmes d’incontinence urinaire par la suite.

Environ deux mois après votre accouchement, suite à la visite post-natale chez le gynécologue, vous êtes invitée à « rééduquer » votre périnée. Bien sûr, comme chaque nouvelle maman, vous avez autre chose à faire, mais ne faites pas l’impasse sur ces séances, car une absence de rééducation périnéale risque d’entraîner une incontinence urinaire ou une descente d’organes dans quelques années… C’est d’autant plus important si vous venez de mener à bien une grossesse tardive. En effet, les muscles du périnée deviennent plus lâches avec le temps et ont donc tendance à se distendre davantage au cours de la grossesse. Ce phénomène est encore accentué si vous avez pris beaucoup de poids. Une rééducation périnéale rigoureuse, et ce sans tarder, est donc particulièrement importante.

Le périnée, un muscle essentiel

Rappelons tout d’abord que le périnée est un ensemble de muscles et de ligaments reliant l’anus au pubis, ensemble qui forme le plancher musculaire du bassin ; le muscle principal est celui que l’on contracte pour retenir des selles (ou durant les relations sexuelles) et que l’on détend, au contraire, pour uriner ou aller à la selle.

Durant la grossesse et au cours de l’accouchement, il a été mis à rude épreuve, se détendant peu à peu, aussi il s’avère absolument primordial de le remuscler. Pour cela, rendez-vous chez une sage-femme ou un kinésithérapeute spécialisé qui vous proposeront différentes méthodes, en fonction de vos besoins.

La rééducation en pratique

La rééducation périnéale existe depuis quinze ans dans la nomenclature mise en place par les kinésithérapeutes. Le gynécologue prescrit généralement dix séances, qui vous seront entièrement remboursées par la Sécurité sociale. Si votre kiné estime que vous n’avez pas besoin de dix séances, il vous proposera de conclure votre rééducation périnéale par des exercices d’abdominaux.

La rééducation manuelle

Souvent pratiquée par les sages-femmes, qui prônent les méthodes « naturelles », la rééducation manuelle consiste à apprendre à la patiente à contracter puis à relâcher les muscles de son périnée. La praticienne vérifie le bon déroulement de l’exercice avec ses doigts.

Le biofeedback

Une sonde endovaginale est introduite dans le vagin, ce qui permet d’envoyer au périnée des impulsions électriques afin qu’il se contracte. La patiente visualise la contraction de ses muscles sur un écran et procède, seule, à toute une série d’exercices.

L’électrostimulation

Il s’agit ici d’une technique proche du biofeedback. La sonde endovaginale envoie une faible impulsion électrique à la patiente et entraîne la contraction du périnée. Il n’y a alors ni visualisation sur écran ni exercices à réaliser.

La rééducation peut se faire seule

Quelle que soit la méthode utilisée, le praticien vous encourage ensuite à vous entraîner seule, chez vous, en effectuant au moins une vingtaine de contractions par jour. Dans n’importe quelle position, vous devez contracter votre périnée comme pour vous retenir d’uriner et d’aller à la selle, et maintenir la contraction pendant au moins 10 secondes avant de relâcher totalement. Attention, les muscles abdominaux doivent demeurer relâchés, tout comme les muscles de l’intérieur des cuisses. Cet exercice a aussi pour objet de vous enseigner comment « verrouiller » votre périnée au quotidien durant un effort (port d’une charge, sport…).

La reprise du sport attendra

Enfin, sachez que cette rééducation doit impérativement précéder toute reprise d’une activité physique, quelle qu’elle soit. En effet, vous ne devez pas vous remettre au sport afin de retrouver la ligne avant d’avoir effectué vos séances, au risque d’aggraver le relâchement du périnée et d’entraîner précocement une descente d’organes assortie d’incontinence.

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