Apprendre à raconter des histoires à son enfant

Lovée contre une pile de coussins, vous êtes en train de lire une histoire merveilleuse à votre bout de chou ! Ce moment magique, vous l’avez tous les deux attendu…  N’hésitez pas à recréer régulièrement l’atmosphère et l’intimité propice à la lecture, pour que ces moments de partage soient les plus relaxants possibles : lisez-lui son livre favori, allongée sur son lit par exemple, ou installée sur son fauteuil préféré. L’idéal est de garder votre enfant contre vous pour tourner les pages avec lui…

Si vous craignez de manquer d’inspiration, cherchez d’abord des idées de lecture dans des livres, imprimés ou audio. Replongez dans les contes de votre enfance ou furetez dans les bibliothèques municipales, où des conteurs viennent parfois raconter des histoires le mercredi ou le samedi matin. Mieux vaut faire le bon choix vis-à-vis de vos propres goûts, car ce sont les contes et les histoires que nous aimons le plus que nous racontons le mieux !

Pour les petits, c’est la musique des mots qui compte et qui les fascine.

• Trouvez des formules qui chantent (bedam, bedi, bedam, bedi…) : placez-çà et là, des mots rigolos et des onomatopées, dans le style des comptines, (« un, deux, trois, nous irons au bois… »), ou des phrases répétées en refrain (« il était plus petit que le tout petit bout de mon tout petit doigt »). L’enfant les mémorise et prend plaisir à les répéter.
• Un conte, c’est comme une partition : s’il n’a pas de mélodie, de rythme, il sera moins vivant. Les rimes sont particulièrement efficaces. Plus vous saurez mettre du rythme et de la mélodie dans votre voix, plus votre enfant appréciera. N’hésitez pas à moduler vos intonations et votre souffle selon les personnages ou la situation, les enfants adorent voir leurs parents tantôt imiter le grognement d’un ours, tantôt prendre la petite voix fluette d’une fillette.

À force de vouloir se mettre à la portée de l’enfant et de simplifier, on fait perdre aux textes toute leur saveur. Il faut savoir que les tout-petits, en pleine acquisition du langage, adorent les mots. Bien sûr, il n’est pas question de s’attarder sur chaque mot pour faire une leçon de vocabulaire  mais il faut tout de même expliquer les mots les plus compliqués ou les expressions désuettes qui pourrait empêcher votre enfant de comprendre l’histoire (souvenez vous du fameux : » tire la bobinette et la chevillette cherrera »!).

« Il était une fois… », « C’est l’histoire de… » indiquent que l’on quitte la réalité pour entrer dans un univers où tout est possible, où rien n’est « pour de vrai ». La chute de l’histoire permet de refermer la parenthèse et de refermer le livre : « Et voilà, mon conte est terminé », ou « Et le chat disparut à tout jamais », ou tout simplement « Bien fait pour lui ! » Variez ces formules à l’infini, déclinez-les, répétez-les, tout cela amusera beaucoup votre enfant.

La répétition permet de mieux faire apprécier le conte aux enfants. Ils retrouvent des images et des sonorités qu’ils connaissent. Ils découvrent soudain le sens de telle phrase (n’en oubliez aucune !), de telle image, finissent même par connaître le récit pas cœur. Pas question de commencer au milieu, de mélanger les scènes… Les petits sont très attachés à certaines formules et à la succession précise des événements.

Votre enfant a 3 ou 4 ans ? Optez pour des histoires qui se poursuivent sur plusieurs livres, avec le même héros, en usant de phrases-codes qui déclencheront chez lui la même réaction : si vous dites « et boum », votre enfant répète inlassablement « et badaboum ». Il est en âge de parler, aussi posez-lui des questions pour provoquer le dialogue et savoir ce qu’il pense de cette histoire. Les questions fermées, du type  : « De quelle couleur est l’éléphant ? », aiguilleront sa curiosité, et les questions ouvertes, comme : « Qu’est-ce que tu aurais fait toi à la place de Cendrillon ? » stimuleront sa réflexion.