Pouce ou tétine ?

Avant même de naître, le nourrisson sait déjà téter. C’est un réflexe essentiel, qui lui permettra de se nourrir et qu’il sollicitera encore et encore pour son plus grand plaisir, et ce parfois pendant plusieurs années.

La fonction orale est la plus précoce à apparaître et à fonctionner dans l’organisme fœtal.

La succion, un geste inné

Vers le 60e jour, la tête du futur bébé se relève. Puis, la langue, située dans la fosse nasale, descend dans la bouche et le palais se ferme. Enfin, les bras commencent à être animés de petits mouvements et les mains viennent au contact des lèvres : c’est la première séquence orale. La succion devient fonctionnelle au cours du 3e mois de grossesse. Le fœtus effectue alors des mouvements de contractions rythmiques de la langue sur le palais. Dans le même temps, apparaît la déglutition, la deuxième séquence orale après la succion.

Le réflexe de téter

Tous les bébés tètent, mais tous n’ont pas besoin de sucer leur pouce. Posez votre doigt sur le rebord de la lèvre d’un nouveau-né : il va essayer d’attraper votre doigt et de le téter. Si vous lui mettez son pouce dans la bouche, il le tètera de la même manière. 80 % des bébés sucent leur pouce à la naissance, d’autres adoptent cette habitude vers le deuxième mois, au moment du sevrage.

Un entraînement in utero

Cette succion in utero a certainement un rôle d’entraînement destiné à rendre votre bébé immédiatement « opérationnel » à sa naissance : car il est impératif qu’il sache s’alimenter, grâce aux fonctions de sucion et de déglutition, et grossisse dans les premiers jours. Mais en dehors de cette fonction technique, téter procure à l’enfant un vif plaisir !

Sucer son pouce, un geste naturel

Les pédopsychiatres s’accordent pour dire que le pouce ou la tétine sont des objets transitionnels, en d’autres termes le jeune enfant s’attache à son pouce ou sa tétine, et donc à la succion, pour établir une transition entre le lien qui l’attache au sein de maman et le monde qui l’entoure. Le bébé va sucer son pouce, quand il est fatigué, quand il est privé d’un de ses parents, lorsqu’il est grondé. C’est un geste tout à fait naturel et prisé tout autant par les petites filles que par les petits garçons.

À chacun ses avantages

  • Le principal avantage du pouce est que l’enfant l’a à sa disposition et peut le prendre à chaque fois qu’il en ressent le besoin, sans pour autant le garder en permanence dans la bouche. En revanche, le pouce pourrait perturber la bonne implantation des dents si l’enfant tète sur une longue période.
  • Un des avantages de la tétine est qu’elle peut plus facilement être abandonnée que le pouce, peut-être parce que la tétine est toujours donnée par les parents, alors que sucer son pouce est un mouvement volontaire du bébé. Nombre de parents assimilent ainsi la tétine à un objet non nuisible pour les dents et la donnent à la manière d’un calmant, surtout le soir au moment du coucher, alors que la tétine peut déformer le palais si bébé tête trop fortement… De plus, rien ne dit qu’un nourrisson à qui l’on donne une tétine aurait sucé son pouce s’il ne l’avait pas eue. L’inconvénient majeur de la tétine vient du fait que le petit enfant ne sait pas retrouver la tétine lorsqu’il l’a perdue, d’où ses cris souvent stridents. On reproche également à la tétine d’être facilement souillée, de traîner un peu partout et surtout d’être un recours un peu facile pour rendre les bébés sages.

Ne lui interdisez pas de sucer son pouce

Au fil des mois, la succion du pouce est devenue un véritable plaisir pour le bébé. Le lui interdire brutalement l’expose à trouver un moyen de substitution : se ronger les ongles ou se tortiller les cheveux par exemple. Mais vous pouvez toujours essayer de le détourner de son pouce : en général, votre tout-petit tète son pouce lorsqu’il est désœuvré ou fatigué, alors mettez-lui un jouet entre les mains, occupez-le ou couchez-le, il est peut-être fatigué ! Un seul cas est préoccupant, celui de l’enfant qui suce son pouce toute la journée à l’écart des autres, qui ne joue pas et ne participe à rien.

On peut agir sur la déglutition

  • À 3 ans, si votre bébé aime « tétouiller » ou s’il zozote un peu, c’est que sa langue est mal placée (en position basse, entre les dents). C’est le lot de tous les téteurs de doigt, de pouce comme de tétine. Il existe une sucette physiologique asymétrique, plate d’un côté et bombée de l’autre, censée orienter la pointe de la langue vers le palais, préparant la mise en place de la déglutition adulte.
  • Vers 4-5 ans, il est bon de consulter un orthodontiste pour s’assurer du bon fonctionnement de la langue et des dents. En cas d’anomalie, on met en place une rééducation douce destinée à faire prendre conscience à l’enfant de la position de sa langue : on lui demande par exemple de sourire et d’avaler sa salive (ou un peu d’eau) avec les dents serrées, de claquer sa langue au palais et de prononcer correctement les sons « ce » et « je ». Tous ces exercices sont à refaire à la maison ! On peut aussi conseiller le port d’une sucette correctrice munie d’un écran souple qui se place entre les lèvres et les dents pour rétablir leur bon positionnement. Gardez en tête que de nombreux enfants présentent des déformations sans avoir jamais sucé leur pouce et que des suceurs de pouce invétérés n’ont pas forcément des anomalies de la dentition.

La succion déforme les dents

Plusieurs mécanismes entrent en jeu dans la déformation des dents par la succion.

  • Le pouce lui-même : une succion active provoque des déformations, car le pouce appuie alors sur les dents et les maxillaires.
  • La position de la langue : la force qu’elle exerce pendant la succion se fait donc vers le bas et risque de projeter les dents vers l’avant.
  • La respiration : se fait plus par la bouche que par le nez, ce qui peut provoquer des troubles de la croissance du maxillaire supérieur dans le sens de la largeur.
  • La déglutition : votre enfant a tendance à placer sa langue au niveau des dents à chaque fois qu’il déglutit, on appelle ce phénomène la déglutition primaire. À la longue, les dents du haut sont poussées en avant et vers le haut et provoquent une béance des incisives, cela signifie que les incisives supérieures et inférieures ne se touchent plus.

Du stade oral au stade génital

Presque du jour au lendemain, votre bébé va arrêter de sucer son pouce car il découvre le plaisir, l’onanisme infantile. Tant qu’il n’est pas passé du stade oral au stade génital, il continuera de téter son pouce. Tout dépend de ses relations avec sa mère et des possibilités de maturation qu’elle lui offre. Prenez du recul par rapport à ces idées établies car elles s’intègrent dans les théories psychanalytiques freudiennes et n’ont fait l’objet d’aucune démonstration scientifique.

Quand arrêtent-ils de sucer leur pouce ?

80 % des bébés sucent leur pouce à la naissance. La moitié abandonne cette habitude au cours des deux premières années. Et les autres ?

  • Si votre enfant arrête de sucer son pouce vers 4-5 ans, les déformations du maxillaire vont se corriger presque toutes seules.
  • S’il cesse après la chute des dents de lait, les déformations seront plus ou moins irréversibles. Un traitement orthodontique est conseillé.

Certains parents demandent à ce que leur enfant soit appareillé pour qu’il arrête de sucer son pouce : ce procédé est plutôt déconseillé car il s’avère trop traumatisant !

La tétine, en situation de crise

Elle soulage le bébé mais également ses parents : si votre enfant souffre de coliques et si vous êtes certaine qu’elles ne sont pas dues à la faim, la tétine va lui apporter un grand réconfort. Elle reste un allié de choix pour tous les bébés qui pleurent beaucoup et qui sont difficiles à calmer.

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