Il dit « non, non et non » !

Que vous lui demandiez d’aller se coucher ou de ranger ses jouets, votre enfant répond invariablement « non ». Cette phase, dite « d’opposition », est une étape déterminante d’affirmation de soi. Très difficile à vivre pour les adultes, elle est décisive pour lui. Mode d’emploi.

Au début de sa vie, le bébé fait tout ce que sa maman lui demande car elle et lui ne font qu’un c’est la période dite « fusionnelle ».

Pourquoi un enfant dit "non"

Soudain, ce petit ange se change en contestataire et vous lance à la figure son premier « non » ! Ce moment précis de son existence correspond à la mise en place d’un processus qui va durer tout le reste de sa vie. À ce moment du développement, l’enfant cherchera à s’opposer à toute personne qui voudra lui imposer son désir.

Petits livres du "non"

Quelques livres, pour vous et lui, qui vous aideront à conduire votre chérubin sur le chemin du « oui » :

  • Monsieur Non, Roger Hargreaves, (éd. Hachette Jeunesse)
  • Bébé Koala dit non !, Nadia Berkane, Alexis Nesme (éd. Hachette Jeunesse)
  • Petit Ours Brun dit non, Danièle Bour (éd. Bayard jeunesse).
  • Pas !, Susie Morgenstern et Theresa Bronn (éd. Rouergue).

Premiers signes d’opposition…

Entre 2 et 3 ans, la vie de l’enfant se transforme : acquisition de la propreté, entrée à la maternelle, reprise du travail pour maman, voire naissance d’un petit frère.

  • Ces événements accélèrent son autonomisation : il entre dans un processus de socialisation. Son caractère commence à s’affirmer. Le « non » est une façon de s’opposer et de se distinguer, d’affirmer ses propres désirs.
  • D’ailleurs, en même temps qu’il dit « non », vous constaterez que votre enfant commence également à dire « je », montrant qu’il possède une maîtrise sur ce qu’il entend et sur ce qu’il comprend.

Le « non » de l'enfant n'est jamais définitif

Surtout, ne vous fâchez pas et soyez patients. Généralement, l’enfant qui dit « non » fera oui quelques minutes plus tard. Comme si le « non » était une façon de s’interroger sur ce qu’il pense, ce qu’on lui demande : « Non, parce que tu me le demandes », puis « Oui, parce que je veux bien le faire, moi. » Alors, il le fait pour devenir un grand et non plus parce qu’il est « un petit à qui l’on commande ». C’est un moment si important pour l’enfant, qu’on ne peut rien répondre. « Bon. Tu ne veux pas mettre tes chaussures, j’ai entendu » pouvez-vous lui dire, tout en lui enfilant ses chaussures ! L’essentiel est de respecter la position de l’enfant, de ne pas le forcer à adopter votre point de vue d’adulte. Le résultat serait négatif.

S’opposer n’est pas un caprice

Il n’y a aucun intérêt à prendre le contre-pied, à insister lourdement. Il ne s’agit pas d’un caprice de sa part, mais d’un processus fondamental. Et la situation peut très vite se coincer parce que l’adulte voudra, au nom de l’obéissance, avoir le dernier mot. Alors, l’enfant se sentira triste de n’être pas compris. Parce que renoncer au « non » pour obéir (faire plaisir), est, pour lui, comme renier son identité naissante. C’est contrer l’élan de vie qui le pousse à se détacher de vous pour devenir autonome. L’enfant qui « tient » son opposition au désir de l’adulte témoigne d’une excellente santé.

Pour le calmer

Quand votre enfant est en proie à une colère violente et complètement submergé par elle, prenez-le dans vos bras en lui disant que vous n’êtes pas d’accord avec son comportement mais, qu’ensemble, vous allez vous calmer… Petit à petit, il va se détendre.

Les bonnes réactions face au « non »

Il faut le laisser dire « non » sans se formaliser. D’autant qu’à cet âge, même s’il dit « non », il finit par faire ce que lui demandent ses parents.

  • Le petit enfant de 3 ans est à même de supporter les frustrations liées à son éducation et il sait quand il fait des bêtises. N’ayez donc pas peur de le contrarier. Avec un peu de fermeté et d’assurance, il n’est pas difficile de se faire obéir.
  • Il est important que les parents conservent leur rôle d’éducateurs. Décider, prendre position et donner des ordres leur incombe. À chacun de trouver où se situer entre le « laisser faire » et l’excès d’exigence souvent injustifié.
  • Un conseil : évitez de vous enfermer dans des explications sans fin lorsqu’il discute une décision. Parents et enfants ne sont pas égaux. Il n’y a donc aucune raison de négocier avec lui pendant des heures !
  • Si l’opposition permanente persiste, sous forme de colères, de contestation permanente, de refus de participer, et perturbe l’entourage familial, mieux vaut consulter un spécialiste. Celui-ci recherchera l’existence de troubles tels que dépression, hyperactivité, retard de parole ou de langage…

Contrer son opposition quand il grandit

  • Cédez moins facilement à ses exigences et expliquez-lui pourquoi : il supporte de moins en moins la frustration, tout ce qu’on lui refuse le met en rage. Or il ne pourra jamais tout obtenir dans la vie. Il doit apprendre la patience, le refus. Cela l’aidera à être moins malheureux plus tard.
  • N’hésitez pas à réaffirmer l’autorité liée au statut de parent : « Tu fais ce que je dis parce que je te le demande et que je suis ton père/ta mère. » Il ne voit pas pourquoi il devrait accéder à votre demande ? Vous pouvez faire appel à ce qu’il sera plus tard : « Pour le moment, tu ne peux pas comprendre mais, quand tu seras grand, tu verras que j’avais raison. »
  • Soyez à l’unisson avec votre compagnon : rien de pire que les dissensions qui éclatent devant l’enfant. Mettez-vous au diapason, quitte à en discuter après, dans votre chambre et quand il dort.
  • Tenez-vous-en toujours à ce que vous avez dit : non, il ne peut pas mettre les pieds dans la flaque d’eau. S’il enfreint vos consignes, ne faites pas celle qui n’a rien vu. Levez-vous immédiatement et obligez-le à en sortir. Vous saperiez votre autorité en tolérant ce que vous avez interdit quelques minutes avant.
  • Sans sanction, pas d’autorité possible : mais veillez à ce que la punition soit en rapport avec la faute et limitée dans le temps. Il a emporté sa voiture à l’école, malgré votre interdiction ? Il en sera privé pendant quelques jours. Pas question d’exiger qu’il lave les carreaux toute l’année par exemple !

À lire aussi