Comment réagir devant les gros mots de votre enfant ?

« Pipi, crotte, zizi… » Oui, c’est bien ce que vient de vous dire tout fier, en vous regardant dans les yeux, votre cadet de 2 ans et demi ! D’abord vous êtes surprise et avouez-le, un peu amusée… Mais, si vous n’y prenez garde, cela peut devenir systématique.

Parents, vous serez surpris de constater qu’un enfant commence à dire des gros mots en même temps qu’il apprend à parler, vers 2 ans !

Une étape obligée

Un mot qu’il a entendu prononcer par un autre enfant ou un adulte va retenir son attention par la sonorité et par la réaction qu’il provoque… et l’enfant découvre le pouvoir magique de certains mots ! Au début il les répète sans forcément en comprendre la signification. Ce qui compte surtout, c’est l’effet sur ses parents : il va donc s’en servir pour attirer leur attention et pour se faire remarquer. On pourrait presque dire qu’il y a une certaine innocence à dire des gros mots quand un enfant est petit, ­d’autant plus qu’il les prononce avec un zézaiement qui peut vous faire fondre ! L’attitude que vous adopterez aura des répercussions sur vos petits : sachez doser subtilement indifférence et réprimande. Si vous l’entendez se déchaîner hors de votre présence, n’intervenez pas, il ne sait pas forcément que vous l’entendez. En revanche, s’il les dit devant vous ou s’ils vous sont adressés, vous devez le réprimander. Prenez le temps d’en parler avec lui : il ne doit pas utiliser des mots sans en connaître la signification et surtout si ceux-ci sont franchement vilains à entendre et à prononcer !

L'apprentissage de la propreté passe par les gros mots !

L’usage des gros mots chez les tout-petits est toujours lié à l’apprentissage de la propreté et de la pudeur : quand il dit « caca » ou « pipi », il s’approprie à la fois le mot mais aussi la fonction !

  • Puisqu’il va sur le pot ou sur les toilettes, il éprouve l’envie de faire savoir au monde entier qu’il est propre. Par ailleurs, vous lui apprenez qu’il ne doit plus se promener tout nu et il doit donc commencer à cacher son corps ; raison de plus pour en parler à l’aide de certains mots !
  • Il entre dans le monde des grands. Il utilise donc ces mots avec les adultes pour le leur signifier et en même temps il les provoque. En grandissant, il va également utiliser les gros mots avec ses copains comme pour leur faire comprendre qu’il n’est plus un bébé.

À lire

Pour les parents démunis devant les gros mots des enfants, la littérature jeunesse propose des histoires souvent très bien construites. Traitées de différentes manières, mettant en scène des enfants, des adultes ou des animaux, ces histoires permettent d’expliquer un ou plusieurs gros mots et comment se comporter face à lui.

Les provocations de votre enfant

À partir de 5 ou 6 ans, l’enfant qui utilise les mots « pipi, caca-boudin » et tous les mots liés au corps et aux fonctions excrémentielles sait qu’ils appartiennent au vocabulaire scatologique et il les prononce généralement dans le bon contexte. Il sait également qu’il ne doit pas les dire et c’est bien pour cette raison qu’il le fait ; il a besoin de braver les interdits. Son vocabulaire s’affine en même temps que sa connaissance des jurons qu’il entend à la maison, à la télévision et dans la cour de récré ! Il est tout à fait vrai que les gros mots ont, malheureusement, un rôle socialisant à l’école : il n’est pas rare d’entendre des bandes de petits faire des concours de gros mots. Ce qui est ennuyeux ce sont les expressions d’adulte, dont ils ne connaissent pas le sens. Une mise au point s’avère donc nécessaire lorsqu’il les dit.

Comment prévenir l'usage de gros mots ?

Comme vous êtes un modèle pour lui, votre enfant va forcément répéter ce qu’il vous entend dire, les mots gentils, mais également les gros mots ! Inutile d’essayer de le mettre sur la bonne voie si vous jurez comme un charretier en permanence. Pour vous aider à vous censurer, l’amende de 10 centimes à chaque gros mot marche bien pour toute la maisonnée. Il y en aura toujours un qui fera remarquer le gros mot échappé et obligera le coupable à s’acquitter de sa dette. Vous pouvez interdire aux frères et sœurs de dire des gros mots : ils ont le droit de se mettre en colère mais doivent le respect aux autres ! Insistez sur vos valeurs et sur le fait que parler correctement permet d’être bien compris.

Du bon usage des gros mots

Même si cela vous surprend, les gros mots, au-delà de leur sens premier, sont porteurs de poésie. En effet, leur construction, basée sur des répétitions voyelle/consonne (caca, pipi, zizi…), incite les enfants à jouer avec eux : ils créent des comptines, des rimes et ainsi s’approprient le langage. Il n’y a qu’à voir avec quelle facilité ils mémorisent la transformation rigolote du célèbre au Clair de la Lune : Au clair de la lune / J’ai pété dans l’eau / Ça faisait des bulles / C’était rigolo…

Hiérarchiser les gros mots

  • Faites preuve d’ingéniosité si vous souhaitez adopter une attitude plus sereine lorsque vos enfants chantonnent pipi-caca-boudin à tue-tête !
  • Ne dites pas vous-mêmes de gros mots : vous serez le meilleur mauvais exemple pour lui !
  • Ne dérogez pas à la règle ! S’il arrive qu’un gros mot interdit échappe dans un contexte amusant, ne riez pas, vous encourageriez votre petit à recommencer.
  • N’interdisez pas strictement, sans explications : expliquez-leur pourquoi et proposez des mots de remplacement.
  • Établissez une hiérarchie : certains peuvent échapper, d’autres sont autorisés sous certaines conditions, par exemple, seuls dans leur chambre et porte fermée, ou aux toilettes. Vous permettez ainsi à votre enfant de se défouler en les disant. Mais d’autres mots doivent rester prohibés !
  • Invitez-le à inventer ses propres gros mots ou plutôt des « mots défouloirs » : chacun correspondra à une situation précise. Un enfant très énervé pourra dire par exemple « Je suis ver de terre »…
  • Aidez votre enfant à enrichir son vocabulaire à l’aide de lectures, de comptines, et, d’une façon générale, expliquez-lui la signification des mots, dès qu’il vous pose la question.

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