La sténose du pylore

Votre nouveau-né vomit de manière spectaculaire alors qu’il est en parfaite santé ? Il s’agit peut-être d’une sténose du pylore : un rétrécissement de la zone de passage entre l’estomac et le duodénum. C’est une affection relativement fréquente, qui nécessite une intervention chirurgicale dont les petits se remettent très bien.

Faut-il craindre l’intervention chirurgicale annoncée par le pédiatre ? En quoi consiste-t-elle ? Y a-t-il des risques de récidive ? Le point sur la question.

Des facteurs héréditaires

Entre 1 et 3 nouveaux-nés sur 1 000 sont concernés en France par la sténose du pylore. Surtout les petits garçons (4 fois plus que les filles) et particulièrement dans les familles qui présentent le même type d’antécédents. 1 bébé garçon sur 5 est touché par cette malformation si sa mère a été atteinte dans ses premières semaines de vie, 1 fille sur 10 quand la mère a elle-même été concernée. Pour le père, les chiffres sont moindres : 5 % des garçons et 3 % des filles sont atteints si le père a lui-même présenté une sténose du pylore quand il était bébé. Bref, vous pouvez poser la question à vos parents, car le facteur familial est déterminant.

Certains cas sont plus difficiles à diagnostiquer

Si la sténose du pylore touche généralement les bébés qui ont entre 3 et 4 semaines, et jusqu’à leurs 2 à 3 mois, cette fourchette peut varier dans certains cas. « L’intervalle libre », période entre la naissance et l’apparition des premiers symptômes peut être plus grand, voire ne pas exister chez certains enfants. Conclusion : des nouveau-nés peuvent souffrir de cette pathologie comme des bébés de 6 mois. Or, le diagnostic est d’autant plus difficile que l’enfant est jeune, car les symptômes sont moins nets. Moins facile à détecter à l’auscultation, la malformation sera aussi moins visible à l’imagerie, le volume du muscle pylorique étant fonction de l’âge de l’enfant.

Des symptômes alarmants

Pendant les 3 ou 4 premières semaines après l’accouchement, tout va bien. Et puis, du jour au lendemain, votre bébé vomit, en général 15 à 30 minutes après le biberon ou la tétée. Pas trop au début, de plus en plus violemment ensuite. Finalement, son état général s’en ressent. D’abord votre petit a faim, il veut manger mais « ça ne passe pas ». Il n’est pas rassasié. Une constipation peut apparaître et, plus inquiétants, des signes de déshydratation. Le nourrisson perd du poids au lieu d’en prendre. Il faut appeler le médecin pour savoir ce qui se passe.

Une maladie très ancienne

La sténose hypertrophique du pylore est connue depuis le XVIIe siècle, même si elle n’a été précisément décrite qu’en 1888 par un pédiatre danois, Harald Hirschsprung, spécialisé en gastro-entérologie. L’opération, qui consiste à inciser le muscle entourant le pylore, est décrite en 1907 par un chirurgien français, Pierre Fredet. Et si les techniques opératoires ont évolué depuis, son principe reste inchangé.

De l’estomac vers le duodénum

En cas de vomissements par jets chez un tout petit garçon, le médecin va immédiatement suspecter un cas de sténose du pylore. Le pylore est l’orifice inférieur de l’estomac. C’est par là qu’il communique avec le duodénum. Cet organe est entouré d’un muscle circulaire qui contrôle le passage des aliments, allant de l’estomac vers l’intestin grêle. Si ce muscle est anormalement gros, la vidange gastrique ne peut se faire : c’est une sténose du pylore.

À la recherche de l’olive pylorique

Pour peu que le bébé soit assez calme, le médecin va trouver une « boule » qui peut être longue de 3 à 4 centimètres et large de 15 à 20 millimètres. C’est ce que l’on appelle « l’olive pylorique ».

  • En donnant un biberon d’eau au bébé, le médecin va constater des mouvements de l’estomac qui vient buter sur l’obstacle du pylore. Il va aussi évaluer l’état général de l’enfant et chercher les signes éventuels de déshydratation.
  • Affamé et énervé, le bébé ne se laissera pas forcément palper convenablement par le médecin qui a de plus en plus souvent recours à l’échographie abdominale. Cet examen va mesurer l’augmentation du volume du muscle pylorique et permettre de visualiser la fameuse « olive ». Si le diagnostic est confirmé, le seul recours est l’intervention chirurgicale.

Dès le diagnostic posé, on peut pratiquer une opération qui s’appelle un transit « œso-gastro-duodénal ».

Avant l’opération, il faut bien réhydrater bébé

La pylorotomie extra-muqueuse est une opération très bien maîtrisée, qui va remettre les choses dans l’ordre en une semaine environ. Mais on n’opère pas un bébé déshydraté. C’est pourquoi, l’un des premiers gestes à l’hôpital, outre la prise de sang pour un bilan, sera sans doute de le mettre sous perfusion pour le réhydrater et évacuer son estomac par aspiration.

Le déroulement de l'opération

C’est une intervention simple et efficace, effectuée en cœlio-chirurgie (technique qui permet de visualiser la zone à opérer en même temps que l’intervention se fait) ou en chirurgie classique.

  • Le muscle hypertrophié est incisé dans sa longueur et suturé dans sa largeur, sans ouvrir totalement l’olive pylorique. La muqueuse reste intacte. L’alimentation est reprise 4 heures après le réveil et rétablie ensuite progressivement. En général, vous récupérez votre bébé après 3 jours d’hospitalisation et, cette fois, il pourra manger sans problème !
  • Certains pédiatres suggèrent toutefois d’utiliser des laits sans lactose pendant quelque temps. Des vomissements peuvent intervenir dans les jours suivant l’opération, mais ne doivent pas durer. S’ils durent, ils signalent que l’intervention n’a pas été suffisante. C’est très rare et, dans ce cas, il faudra consulter à nouveau.

Vomissements et reflux : à ne pas confondre !

  • Les vomissements sont un des symptômes de la sténose du pylore mais ils peuvent aussi être le signe d’une intolérance alimentaire, d’une infection ou encore d’erreurs diététiques.
  • Si le bébé régurgite sans vraiment vomir, il peut aussi s’agir d’un reflux gastro-œsophagien. Dans ce cas, ce n’est pas le passage entre l’estomac et le duodénum qui est gêné, mais l’œsophage qui n’est pas assez tonique ! Les reflux gastro-œsophagiens interviennent plus de 45 minutes après le biberon et ne laissent pas le bébé affamé, comme dans le cas de la sténose du pylore.
  • Pas de constipation associée pour le reflux, pas de cassure de la courbe du poids. En principe, pas de dénutrition ni de déshydratation. Et, si la malformation au niveau du pylore doit absolument être opérée, le reflux gastro-œsophagien se traitera essentiellement avec de la patience au moment de la prise des biberons, une alimentation adaptée, un fractionnement des repas, etc. Seul point commun : dans les deux cas, il faut consulter.

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