Le syndrome du bébé secoué

Jeter son enfant en l’air pour s’amuser avec lui, le secouer sans aucune mauvaise intention pour tenter de calmer ses pleurs, peut entraîner, chez lui, de graves dommages neurologiques. Voici tout ce que vous devez savoir sur le « syndrome du bébé secoué ».

Votre bébé pleure et cela fait au moins une heure que ça dure. Ses cris stridents envahissent la maison et vous êtes exaspérée, pas loin de perdre ce qui vous reste de self-control. Eh bien couchez-le dans son lit et sortez de sa chambre, il y a urgence ! Allez vous détendre et vous changer les idées. Demandez de l’aide à votre mère, à une amie, à votre conjoint, mais passez le relais immédiatement ! Car secouer un bébé pour le faire taire lorsque ses pleurs sont devenus intolérables, cela peut arriver à tout le monde, c’est si vite arrivé ! Il suffit d’avoir un coup de blues passager, doublé d’un coup de fatigue suite aux trois courtes nuits que vous avez passées à vous lever pour les tétées ou biberon. Pour éviter de perdre vos moyens et de commettre l’irréparable, élaborez une stratégie de repli, afin de savoir comment réagir si le cas se présentait.

Un bébé communique par les pleurs

Un nourrisson peut pleurer deux heures par jour, et parfois en continu ! Il ne veut pas du biberon que vous lui avez proposé, sa couche est propre, il n’a pas de fièvre, il n’a pas l’air d’avoir mal quelque part et vous l’avez câlinez longuement ? Pas de panique, peut-être a-t-il tout simplement envie de s’exprimer, car c’est par les pleurs qu’il communique.

Les bébés de 1 à 15 mois sont les plus exposés

La victime type du « syndrome du bébé secoué » (ou syndrome d’impact des secousses), est un bébé de moins d’un an, gardé par une personne seule : père, mère, tante, baby-sitter ou nounou (aucun cas n’a jamais été recensé en crèche collective). Contrairement aux idées reçues, la maltraitance n’est pas toujours à l’origine de ce syndrome. Exaspérée par les cris d’un bébé, la personne en charge du bébé perd patience, l’attrape sous les aisselles, et le secoue d’avant en arrière pour le faire taire. Geste gravissime, qui entraîne une crise d’épilepsie et la mort dans 10 % des cas. En France, ce syndrome serait responsable de 50 à 100 décès par an et d’un handicap majeur chez 500 à 1 000 nourrissons. Les garçons en sont davantage victimes que les filles.

Quelques secousses suffisent

Si l’accident est si vite arrivé, c’est que jusqu’à un an, les muscles du cou de l’enfant ne sont pas assez forts pour maintenir correctement sa tête : lors de secousses, celle-ci est donc ballottée d’avant en arrière. Et comme la boîte crânienne est un peu trop grande pour le cerveau, il suffit de très peu pour provoquer le sectionnement de vaisseaux sanguins du cerveau et des yeux. Cette rupture est responsable d’hémorragies et d’hématomes intracrâniens. L’accident passe volontiers inaperçu, les secousses ayant eu lieu par négligence, dans un bref moment de colère ou lors d’un jeu inadapté et brusque. Même le médecin de famille a du mal à suspecter cette pathologie : il connaît les parents et ne suppose en rien une attitude brutale.

Les trois causes du syndrome du bébé secoué

  • En dehors des cas de maltraitance volontaire de l’enfant, trois attitudes sont susceptibles de provoquer un syndrome du bébé secoué (SBS), conduisant au traumatisme :
  • Négligence : le bébé n’arrête pas de pleurer, les cris deviennent insupportables et le papa à bout de nerfs l’attrape et le secoue, pensant arrêter les cris.
  • Réanimation maladroite : le bébé semble faire un malaise. La maman affolée, craint la mort subite et, dans la panique, l’empoigne et le secoue violemment pour qu’il respire et retrouve une coloration normale.
  • Jeu brusque : vous jouez à « faire l’avion », de manière un peu brutale, avec un nouveau-né, alors que ce jeu n’est pas du tout adapté aux nourrissons.

Un diagnostic tardif

L’attention des médecins et des parents est cependant attirée par certains signes, parfois violents et graves, comme les convulsions ou le coma, d’autres qui peuvent prêter à confusion pour poser le diagnostic : vomissements, somnolence anormale, irritabilité excessive, malaises. Une crise d’épilepsie est, souvent, le premier signe révélateur. Les investigations montrent parfois une fracture du crâne, des côtes ou des membres, des ecchymoses, des hémorragies au fond de l’œil et le scanner, que le médecin finit par ordonner, confirme le diagnostic. La gravité des blessures dépend de la force et de la taille de l’enfant. Mais certains troubles ne pourront être décelés que très tard, durant la scolarité par exemple. Les séquelles du secouement sont là pour toute la vie !

Les séquelles du secouement

  • 10 % à 40 des bébés meurent dans les jours ou semaines qui suivent un épisode de secouement ;
  • 25 % souffrent d’hémiplégie, de retard mental, majeur, de troubles occulaires, etc.
  • 50 % héritent d’un mauvais pronostic : épilepsie contrôlée, paralysie ponctuelle, retard mental modéré, etc.
  • Seul moins d’un enfant sur quatre s’en sortirait, finalement, sans séquelles graves.

Briser le silence

Dans de nombreux pays, des campagnes d’informations se multiplient, mais en France, hormis quelques opérations départementales, c’est le silence. On communique beaucoup sur les cas de mort subite du nourrisson, quasiment pas sur le SBS. Il suffirait pourtant de dire, haut et fort, qu’il est extrêmement dangereux de secouer un enfant pour le faire taire et qu’une seule fois, qu’une secousse suffit, pour mettre sa vie en danger. Il suffirait de rappeler à tous les parents, que quelques gestes simples peuvent apaiser un bébé qui pleure : lui donner un biberon d’eau ou une tétine, lui frotter le ventre, le balader, lui parler, ou chanter. Prenez l’habitude, dès sa naissance, de confier bébé de temps à autre à sa mamie, afin de prendre quelques heures pour vous.

Bébé est fragile mais a besoin de stimulations !

Maintenant que vous connaissez l’existence du syndrome du bébé secoué et ses causes, ne craignez pas de prendre votre enfant dans les bras, de le bercer contre vous ou dans son transat ! Votre bout de chou n’est pas en sucre et il a besoin de ces contacts et de ces jeux pour grandir. Le secouement est un geste volontaire et fort : dans la vie de tous les jours, si vous gardez à l’esprit que votre bébé est fragile et que toutes les stimulations que vous lui proposez doivent rester adaptées à son âge, vous écartez tout risque de le blesser. Prenez en compte la fragilité particulière de sa tête, caractéristique du nourrisson et maintenez toujours sa nuque.

Les bons gestes

  • Avant que les pleurs d’un bébé ne vous poussent à bout, écartez la possibilité qu’ils soient causés par un problème spécifique (faim, fièvre, couche sale).
  • Si votre bébé pleure beaucoup, c’est peut-être parce qu’il a des coliques. Consultez votre pédiatre pour vous en assurer et trouver un remède.
  • Si les pleurs du bébé ou son refus de manger vous frustrent, demandez à une personne de confiance de vous remplacer. Si vous ne pouvez trouver personne, assurez-vous que l’enfant n’a pas de problème réel, allongez-le sur le dos dans son lit et sortez de la pièce.
  • Si vous avez peur de faire du mal à votre enfant, contactez votre pédiatre, votre médecin de famille, une sage-femme ou un conseiller de la PMI de votre quartier.
  • Assurez-vous de bien connaître la personne qui garde votre enfant. Ne laissez jamais votre bébé à quelqu’un en qui vous n’avez pas confiance, ou dont vous n’avez pas vérifié les références.
  • Si votre bébé semble avoir arrêté de respirer, composez le 18. Pratiquez la respiration artificielle et le massage cardiaque externe. Secouer un bébé ne le fera pas recommencer à respirer et pourrait le blesser.
  • Informez-vous, en regardant par exemple les vidéos développées sur le sujet par la Haute Autorité de Santé.

À lire aussi