Cauchemar ou terreur nocturne ?

Faire la différence entre un cauchemar et une terreur nocturne peut avoir son importance. Cela vous permettra d’avoir les bons réflexes dans chaque cas !

Le dernier baiser échangé, maman et papa quittent la chambre. La nuit d’un enfant peut être peuplée de rêves, qu’en sauront ses parents ? Si la nuit est calme, l’enfant ne parlera pas de ce dont il a rêvé ; si la nuit est agitée, elle devient cauchemardesque. « C’est le monstre… Le loup, et puis le méchant et il veut me tuer… » Il faut l’écouter, le rassurer. Et quand les perturbations nocturnes se répètent, il faut essayer de comprendre les raisons de ce dérèglement, qui trouve son origine dans l’activité de la journée.

Les bonnes habitudes au coucher

  • Un verre de lait peut constituer une saine habitude préalable au coucher, d’autant qu’il contient un acide aminé qui est précurseur d’une hormone du sommeil.
  • L’enfant a besoin d’un rituel qui le prépare à passer une bonne nuit : berceuses, câlins, massages, histoires… Pour rassurer votre enfant vous pouvez laisser une lampe allumée et la porte entrouverte.
  • Essayez de toujours utiliser la même formule de bonne nuit. Soyez doux, mais clair dans le message formulé, par exemple : « Bonne nuit mon trésor, fait de beaux rêves, à demain matin. »
  • Il est important de le coucher à des heures régulières le soir, ainsi que lors des siestes dans la journée, si l’enfant en ressent encore le besoin (réveiller l’enfant à des heures régulières est aussi essentiel).

La nuit, synonyme de séparation

  • Il faut savoir que l’enfant découvre beaucoup de nouvelles choses dans ses premières années de vie : marcher, partager, gérer sa colère, être plus autonome. Et la nuit lui sert avant tout à « digérer » cet acquis du jour. On sait par ailleurs que la traversée de la nuit est un apprentissage de l’autonomie. Pour l’enfant, la nuit est séparation, parce qu’il est seul dans son lit, loin de ceux qu’il affectionne ; elle est destruction car il ne voit plus les objets familiers, ni les visages de ses proches, et il n’est même pas certain qu’ils existent encore !
  • Du coup, entre un et six ans, période des grandes acquisitions chez l’enfant, les nuits peuvent être particulièrement agitées. Cauchemars et terreurs nocturnes peuvent être associés à des événements familiaux bouleversants (naissance d’un petit frère), à des causes plus physiques comme la croissance, la digestion, la maladie, etc.

Le cauchemar : une mise en scène de ses peurs

Le cauchemar est un rêve terrifiant ou angoissant qui survient vers la fin de la nuit (durant la phase de sommeil paradoxal qui héberge les rêves). Il se déroule comme un film effrayant et provoque le réveil de l’enfant : il hurle, pleure, appelle, et peut décrire ce qui lui faisait peur. Votre enfant vous reconnaît, il cherche à être consolé car sa frayeur se prolonge après son réveil, il a peur de se recoucher seul et éprouve des difficultés à se rendormir. Le matin venu, l’enfant s’en rappelle. Fréquents dans la petite enfance, les cauchemars s’estompent vers 5 ans, reviennent passagèrement autour de la dixième année, pour disparaître tout à fait par la suite.

Que faire face aux cauchemars de votre enfant ?

Si votre enfant se réveille en proie à un cauchemar, apaisez-le, écoutez-le s’il souhaite décrire ce qu’il vient de vivre. Une fois rassuré, il devrait se rendormir sans problème. Dans la journée, entamez une discussion de fond à propos de ses cauchemars. Rappelez-lui que les monstres n’existent pas, regardez avec lui les livres ou les films qui en parlent et aidez-le à dépasser les peurs que ces créatures suscitent. Aidez-le également à extérioriser ses frustrations et les conflits qui l’agitent. Si vous percevez un vrai mal-être, lié par exemple à l’arrivée d’un petit frère dans la famille, évoquez avec lui cette situation et les changements qu’elle implique.

Chacun dans son lit

Évitez de le prendre dans votre lit car, à chaque fois qu’il se réveillera dans la nuit, il voudra vous rejoindre. Il peut même se mettre à s’éveiller après chaque cycle de sommeil. Ce qui au début n’était qu’un cauchemar passager pourrait se transformer en trouble du sommeil.

La terreur nocturne : l’expression d’un conflit

Les terreurs nocturnes sont les troubles du sommeil les plus impressionnants de l’enfance. Elles surviennent en général une à trois heures après le coucher, pendant une période de sommeil lent profond. L’enfant se dresse sur son lit, en larmes, agité de soubresauts. Il hurle, se débat, se lève, marche, appelle au secours, son corps exprime les signes caractéristiques de la peur : sueurs, nausées… Ses yeux fixent le vide, son cœur bat rapidement, il semble terrifié, mais à la différence du cauchemar, il est encore endormi, ne vous reconnaît pas, et n’a aucune conscience de ce qui lui arrive. La crise dure quelques secondes, quelques minutes tout au plus, et l’enfant se rendort d’un sommeil profond. Ces terreurs apparaissent entre trois et six ans, et dans certains cas, elles peuvent encore exister à l’adolescence.

Que faire face à une terreur nocturne ?

Ne le réveillez surtout pas, il est dans une phase de sommeil profond : il serait incapable d’expliquer son trouble et se trouverait en proie à une confusion accrue. Tenter de le calmer le pousse à se débattre encore plus (vous pouvez même aggraver la fréquence de ces terreurs nocturnes). Il suffit de le surveiller, au cas où ses mouvements brusques le fassent tomber de son lit ou pour éviter qu’il quitte sa chambre. Quelques minutes après la terreur nocturne, l’enfant se calme seul et reprend le fil de sa nuit. Heureusement, il ne se souvient souvent de rien le lendemain. Vous ne devez surtout pas lui en parler.

  • Ne ridiculisez jamais la peur de votre enfant (et évitez que son entourage ne le traite de peureux) : parlez-en avec lui, asseyez-vous près de lui dans le noir pour en parler, regardez ensemble les ombres de la chambre, rassurez-le en lui montrant qu’il n’y a… que des ombres !
  • Ne partagez pas trop ses peurs non plus : il doit saisir qu’elles sont celles d’un enfant et qu’elles disparaîtront en grandissant. Regardez dans le placard avec lui mais avec une certaine distance.
  • Laissez une lumière allumée (à un endroit où elle ne « fabrique » pas d’autres ombres maléfiques) ou une veilleuse, elle sert de repère. Ensuite partez et revenez, une ou deux fois… Mais pas plus, même si vous éprouvez un petit pincement au cœur. L’intervention paternelle dans ces cas-là peut être d’une grande efficacité. Sa présence à la maison rassure et son autorité bride les élans de l’enfant.
  • Lisez-lui des histoires dans lesquelles les montres sont gentils, ou lâches, ou drôles, montrez-lui des films où ils ont même peur des enfants (Monstres et Cie).

Les trois phases du sommeil de l’enfant

  1. L’éveil représente les moments conscients, les moments actifs de la vie, lorsque le cerveau est en alerte. En revanche, l’état de veille peut être passif. Lors de ces moments l’enfant est plus lent, plus rêveur, plus frileux. Bref, c’est en état de veille passif qu’il se laisse glisser vers le sommeil lent.
  2. Le sommeil lent représente 80 % du sommeil total (6 heures sur une nuit de 8 heures) : il se compose de 4 stades passant d’un sommeil léger à un sommeil très profond.
  3. Le sommeil paradoxal (ou de rêve) est caractérisé par une activité mentale intense et un pouls rapide. Vous observez le mouvement rapide des yeux sous ses paupières closes ? C’est une période de paralysie transitoire, qui l’empêche de réagir physiquement pendant ses rêves, et qui disparaît au réveil.

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