Le huitième mois de grossesse Par le Professeur René Frydman

Plus que deux mois avant la naissance de votre bébé. Vous êtes impatiente de le voir arriver d’autant plus que vous commencez sérieusement à être « handicapée » par ce ventre qui ne cesse de s’arrondir. Votre enfant est en effet de plus en plus imposant ainsi que votre utérus qui mesure désormais environ 28 cm de haut.

Même s’il vous reste encore de nombreuses courses à faire ou des travaux d’aménagement à terminer, écoutez votre corps et levez le pied. Il n’est plus envisageable d’arpenter les magasins ou de vous activer plus que de raison. L’aiguille de la balance ne cesse de pencher du mauvais côté et c’est normal, car votre bébé double son poids au cours de ces deux derniers mois et puise sans relâche dans tous les nutriments que vous lui apporterez. Alors n’hésitez surtout pas à faire le plein de vitamines, calcium et fer ! Mais veillez tout de même à ne pas exagérer votre prise de poids car elle s’accompagne souvent d’hypertension et risque aussi de compliquer votre accouchement.

Mal de dos : prenez-le au sérieux

Votre dos est devenu votre pire ennemi ? C’est normal. À ce stade de la grossesse, les douleurs dorsales ne vous lâchent plus car le poids du bébé se faisant de plus en plus important, votre colonne vertébrale se modifie. D’où l’apparition de la fameuse cambrure propre aux femmes enceintes. De plus, vous avez tendance à l’accentuer en rejetant le poids de votre ventre vers l’arrière et à contracter vos muscles dorsaux. C’est une erreur fâcheuse. Si vous souffrez d’un « mal de reins » ou de douleurs proches de celles ressenties en cas de sciatique (au niveau d’une cuisse et d’une fesse), prenez vos douleurs au sérieux afin d’éviter l’apparition de maux plus sérieux tels que la lombalgie. Aussi, demandez conseil à votre médecin sur les postures à privilégier, les exercices à effectuer… Vous pouvez aussi consulter un ostéopathe. Ce praticien commencera à chercher les causes du mal (au niveau osseux, musculaire ou organique) puis tentera de vous soulager par de légères manipulations.

Au huitième mois, limitez les efforts

En position assise, vous avez l’impression d’avoir le souffle coupé, qu’un énorme poids pèse sur votre estomac… Ces sensations sont liées au fait que votre diaphragme est comprimé par votre utérus et que le volume de votre cage thoracique s’en trouve réduit. De plus, votre cœur bat plus vite (+ 40 %) pour assurer la bonne nutrition et l’oxygénation du bébé. Le travail de vos reins est aussi augmenté car, votre utérus appuyant sur votre vessie, vous urinez davantage. Ils doivent aussi filtrer une plus grande quantité de sang et souvent d’eau (comme vous buvez davantage). Tous ces bouleversements métaboliques participent à votre état de fatigue. Pour les atténuer, limitez vos efforts.

Soignez vos articulations

Sous l’action des hormones, votre bassin commence à s’élargir de quelques millimètre, cela facilitera le passage du bébé au moment de l’accouchement. Pas d’inquiétude : celui-ci reviendra à la normale au cours des mois qui suivront la naissance. Pour faciliter l’arrivée de votre enfant, vos articulations et tendons s’assouplissent de plus en plus. Veillez à ne pas faire de mouvements brusques pour éviter les blessures.

Sexualité : un rythme à trouver

Après un regain de libido au second trimestre, vous pouvez devenir « réfractaire » aux assauts de votre conjoint. Avec votre ventre de plus en plus imposant, vos petits maux et votre bébé qui occupe de plus en plus vos pensées, il est classique que les envies de câlins se fassent plus rares. Pas d’inquiétude, votre compagnon va aussi (si ce n’est déjà fait) connaître cette phase. À vous de mettre en place une intimité qui vous convienne à tous les deux. Mais si votre libido demeure à son top, sachez que vous pouvez laisser libre cours à vos envies jusqu’à la fin de votre grossesse, hormis en cas de risque d’accouchement prématuré.

Bébé commence à être à l’étroit

À ce stade, votre bébé pèse environ 2,5 kg et mesure en moyenne 45 cm de la tête aux talons. Il occupe donc de plus en plus de place dans votre ventre et ses mouvements deviennent limités. D’ailleurs, il va prendre peu à peu sa position définitive pour ne plus en bouger : la tête vers le bas. Si ce n’est pas le cas et qu’il se présente par le siège, votre médecin voudra peut-être tenter de le retourner en exerçant des pressions (assez douloureuses) sur votre utérus. S’il n’y parvient pas (ce qui arrive une fois sur deux), il faudra alors éventuellement envisager une césarienne.

Un rythme de champion

Au terme de ce huitième mois, tous ses organes fonctionnent parfaitement ; le cœur, lui, sera vraiment opérationnel à sa naissance, suite au premier cri. En effet, les parties droites et gauches du cœur, qui communiquent jusque là, se fermeront ensuite illico. Son rythme cardiaque oscille entre 120 et 140 battements par minute.Vous rêvez d’un joli petit bébé joufflu ? C’est ce qu’il est en train de devenir ! En effet, c’est au cours de ce mois que sa peau, jusqu’alors rougeâtre, devient rose ou ambrée. Le duvet qui le protégeait tombe et il se recouvre d’un « enduit » épais et gras appelé vernix. C’est cette matière visqueuse et blanchâtre que vous retrouverez sur votre bébé à la naissance. Elle est là pour faciliter l’accouchement.

Le début du congé maternité

Ça y est, vous êtes enfin en repos prénatal. Celui-ci débute en effet six semaines (ou douze semaines si vous attendez des jumeaux et huit si vous avez déjà au moins deux enfants) avant la date présumée de l’accouchement. Ce délai légal peut être allongé de 15 jours ou plus en cas de « pathologie » ou alors être diminué et reporté après la naissance si vous vous sentez encore apte à travailler. Mais sachez que vous serez quand même obligée de cesser toute activité trois semaines avant l’accouchement.

La troisième échographie : les points clé

Au cours de cette ultime échographie qui doit se dérouler entre la 30e et la 32e semaine d’aménorrhée, votre médecin s’attachera à vérifier :

  • La position du bébé : celle-ci peut encore évoluer, surtout si vous avez déjà eu des enfants et présentez donc un utérus plus souple et vaste. Mais bien souvent, le bébé se trouve déjà en position de plongeur, la tête en bas.
  • Sa croissance : depuis la seconde échographie, vous n’êtes plus en mesure d’apercevoir votre bébé en entier mais l’échographiste, lui, pourra quand même mesurer le diamètre de son crâne et de son abdomen ainsi que la longueur de ses membres. C’est ainsi qu’il pourra vous dire, avec une petite marge d’erreur, si votre bébé sera plutôt costaud ou petit à la naissance.
  • Sa morphologie : d’éventuelles malformations peuvent être détectées lors de cet examen. Ainsi, en fonction des découvertes, des mesures seront prises comme celle d’opérer ou bien de traiter l’enfant avant ou après la naissance.
  • La quantité de liquide amniotique.
  • La position du placenta.
  • Le flux sanguin du cordon ombilical : cette étude permet de savoir si l’enfant est correctement nourri.

La visite médicale du huitième mois

Elle s’effectue au cours des quinze premiers jours de ce mois. Elle est assez similaire à toutes celles que vous avez passées jusqu’à maintenant sauf que votre médecin y aborde de nouveaux points. Ainsi, grâce à un palper de l’abdomen, il vérifie la position du bébé. Il peut aussi déterminer s’il y a risque ou non d’accouchement prématuré via différents facteurs : la fréquence, le nombre et l’intensité des contractions, les douleurs pelviennes ou encore les brûlures à la miction et les poussées de fièvre. En fonction de ces éléments, il décidera de la marche à suivre en vous prescrivant du repos, un traitement, voire une hospitalisation.

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