Le troisième mois de grossesse Par le Professeur René Frydman

Le fœtus ne fait pas encore vraiment sentir sa présence. Même s’il bouge déjà, sa taille est encore trop minime pour que cela soit sensible. Certaines femmes, néanmoins, perçoivent comme des bulles qui éclatent, des sortes de frôlements sous la peau, dans la zone au-dessus du pubis. Lors d’une première grossesse, ces premières sensations restent souvent inexpliquées pour la maman, jusqu’à ce qu’elle prenne pleinement conscience de son corps.

Le plus souvent, c’est surtout dans l’imaginaire de la future maman que le bébé prend davantage de réalité. Les projections vers l’avenir, ébauchées avant la grossesse, se poursuivent parfois par des mises en scène, la mère s’imagine alors avec son bébé, ou par de longs monologues adressés à cet interlocuteur encore silencieux. Pour celles qui craignaient une fausse couche, ou pour celles qui avaient du mal à réaliser, un premier cap est désormais passé. Le sentiment indéfinissable qu’il est là, ou la crainte de le perdre, font place à la certitude de son existence. C’est encore plus vrai après l’échographie du troisième mois qui permet de voir à quel point la silhouette de ce fœtus, malgré quelques disproportions, se rapproche déjà de celle d’un bébé…

Le fœtus ne connaît aucun répit et se développe à chaque instant. À la fin du troisième mois, il pèse 45 g et mesure 10 cm environ. Tous les organes sont en place et se perfectionnent. Par exemple, les reins, bien qu’inachevés, entrent partiellement en fonction, et le fœtus commence à libérer des urines. La production de globules rouges a débuté, d’où d’importants besoins en fer. Les organes génitaux internes se sont enfin développés, précédant la formation du pénis ou de la vulve, encore indiscernables. Lors de la première échographie de dépistage (vers 12 semaines d’aménorrhée, ou SA), vous serez peut-être étonnée de voir l’état d’avancement de la colonne vertébrale et vous surprendrez parfois une galipette, ou du moins des mouvements des bras, rendus possibles par le développement des muscles et des articulations. À l’extrémité des doigts, des ongles poussent déjà. Bientôt, ce seront les premiers cheveux qui apparaîtront.

Quand s’achève le premier trimestre, diverses démarches doivent avoir abouti : la première consultation, l’envoi de la déclaration de grossesse aux organismes sociaux et l’inscription à la maternité où vous accoucherez. Dans certains départements peu peuplés, les capacités d’accueil sont satisfaisantes et les inscriptions peuvent être assez tardives. Mais dans les grandes agglomérations, et notamment à Paris, de nombreux établissements, soit réputés, soit très bien situés, prennent les inscriptions jusqu’à neuf mois à l’avance. De façon générale, plus vos souhaits sont précis (tel hôpital public près de chez moi, accouchement dans l’eau, méthodes innovantes dans l’accueil des nouveau-nés, etc.) ou plus vous souhaitez accoucher dans un établissement en vogue, plus il faut vous y prendre tôt, dès le retard de règles. Vous bénéficierez de davantage de temps si vous n’avez aucune idée ferme. Le plus simple est alors de se laisser guider par son obstétricien ou sa sage-femme et de s’inscrire dans l’un des établissements auxquels il (elle) est rattaché(e) et dans lequel il (elle) s’efforcera, en règle générale, de vous trouver une place.

Si vous hésitez entre telle ou telle maternité, voici quelques éléments qui peuvent vous aider à choisir (la liste n’est pas exhaustive) : les aspects financiers (hôpital ou clinique, conventionnée ou non) ; la proximité géographique ; la place du père (présence à l’accouchement, horaires de visite libres pour lui) ; la durée du séjour (de trois jours à une semaine) ; les préparations à l’accouchement proposées ; l’aide éventuelle à l’allaitement et aux soins du bébé ; la possibilité de faire garder votre enfant la nuit si vous le souhaitez… Au-delà des considérations pratiques maintenant bien répandues, le cadre, l’ambiance, l’attitude du personnel seront aussi des éléments subjectifs à ne pas négliger, car vous apprécierez de vous sentir à l’aise et en confiance lors de l’accouchement.

Il est souvent d’usage d’informer son employeur vers la fin du premier trimestre, une fois que vous avez reçu de la Sécurité sociale le document précisant les dates de congé maternité. Cela évite qu’il ne l’apprenne par les bruits de couloir et vous permettra au besoin de demander des aménagements de vos horaires ou un changement de poste, en accord avec le médecin du travail. D’un point de vue légal, néanmoins, votre êtes juste tenue d’informer votre employeur avant de partir en congé maternité. Cette annonce peut se faire par oral. Mais il est plus prudent d’envoyer une lettre et un certificat médical en recommandé (avec accusé de réception), afin de bénéficier des diverses protections légales (interdiction pour l’employeur de vous licencier ou de vous faire exécuter des tâches pénibles, entre autres), et ce sans autres démarches de votre part.