Dépister et surveiller la toxémie gravidique Par le Professeur René Frydman

La toxémie gravidique est liée à une mauvaise vascularisation du placenta, qui fait peser des risques assez sérieux sur la santé du bébé comme sur celle de la maman. Lorsqu’elle est détectée, elle doit faire l’objet d’un suivi rigoureux.

La toxémie gravidique, appelée aussi « prééclampsie », concerne environ 5 % des futures mamans. Elle touche plus volontiers les femmes de plus de 35 ans, et survient la plupart du temps au cours du dernier trimestre de grossesse.

Surveiller les symptômes physiques

On dit qu’une femme enceinte est atteinte de toxémie gravidique lorsqu’elle souffre d’hypertension artérielle et que l’on retrouve de l’albumine (protéines) dans ses urines. Cette maladie se caractérise souvent par l’apparition d’un œdème (c’est-à-dire un gonflement) au niveau du visage, des mains ou des chevilles. La toxémie gravidique est liée à une mauvaise vascularisation du placenta, qui sécrète des substances nocives pour les vaisseaux sanguins. Cette situation perturbe les échanges entre l’utérus et le placenta, et peut entraîner un retard de croissance chez le futur bébé. En outre, le placenta n’assurant plus une oxygénation et une nutrition correctes, le fœtus risque de souffrir in utero.

Des complications potentielles

Chez la maman, les risques sont d’abord liés à l’importance de l’hypertension. Si elle est modérée et prise en charge rapidement, les conséquences sont limitées. Si elle n’est pas repérée suffisamment tôt ou si la femme réagit mal au traitement, elle peut se compliquer de deux manières différentes : l’éclampsie et l’hématome rétroplacentaire. L’éclampsie est l’apparition de convulsions avec parfois des troubles de la conscience chez la maman. L’hématome rétroplacentaire est une petite poche de sang située derrière le placenta. Dans certains cas, cela peut provoquer un décollement d’une partie du placenta de la paroi utérine. C’est une complication très grave, car elle peut entraîner la mort du fœtus. Bien souvent, une césarienne en urgence est réalisée, si le terme le permet. Enfin, la toxémie gravidique peut aussi conduire à un dysfonctionnement des reins ou du foie chez la mère.

Suivre régulièrement l’évolution de la pathologie

En surveillance, le médecin ou la sage-femme qui vous suit prendra votre tension régulièrement. Le bon développement du fœtus est aussi contrôlé par le dosage de certaines hormones propres à la grossesse dans les urines de la mère. Vous serez également soumise à un repos complet, et des médicaments antihypertenseurs vous seront prescrits pour éviter les complications.

Des échographies et des dopplers permettent d’évaluer les conséquences sur la croissance du fœtus. Il est également préconisé de réaliser régulièrement un monitoring de l’activité cardiaque de ce dernier. En cas de problèmes sérieux, le gynécologue pourra décider de déclencher l’accouchement ou de faire une césarienne.

Les troubles de la toxémie disparaîtront dans les quelques jours ou quelques semaines qui suivent la naissance.

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