Devenir mère au foyer, un choix polémique ?

Vous ne vous sentez pas l’âme d’une « Wonder Woman » qui jongle entre boulot et famille. Votre désir profond : être une maman au foyer. Mais votre conjoint n’est pas convaincu… Ce choix de vie se négocie à deux. Voici un plan d’attaque pour le faire flancher.

Votre mari ne s’oppose pas à votre décision uniquement par simple peur du changement. Sondez les raisons de son refus. Comment argumenter votre décision ? Comment éviter les écueils ?

Comment expliquer son choix à son conjoint

  • Comme pour plus de la moitié des mères qui ont arrêté de travailler, cette décision s’est imposée avant même votre congé de maternité. Un désir profond en est souvent la cause.  Un enfant grandit si vite : vous voulez assister aux progrès de bébé, à ses premiers pas, à ses premiers mots. Vous n’avez pas envie de le confier toute la journée à une nourrice. Vous ne voulez pas non plus lui imposer si tôt une vie en mode turbo : courir à la crèche le matin et le récupérer tard le soir. Vous refusez qu’il passe la moitié de son temps loin de vous. Vous sentez que vous ne pourrez pas vous satisfaire d’une heure de jeux et de câlin le soir. Passer la journée de travail à ne penser qu’à lui, non merci !
  • Votre travail vous semble incompatible avec votre nouvelle vie de maman : vous n’avez pas encore récupéré de l’accouchement ou vous désirez allaiter encore un peu. Vos conditions de travail sont difficiles : transport long et fatiguant, horaires décalés incompatibles avec une vie de famille épanouie, surcharge de travail le week-end… Vous avez simplement envie de changer de rythme. Au travail, vous êtes remplaçable, mais pas chez vous.
  • Un intérêt financier mineur : vous avez tout calculé. En comparant votre salaire aux frais de garde, vous vous y retrouvez à peine. Qui va s’occuper de bébé ? La crèche ? Si vous obtenez une place, avec deux revenus, le forfait est plus cher. Une assistante maternelle ? À condition qu’elle soit disponible selon vos horaires de travail. Une nounou à domicile ? Si vous trouvez la perle rare, il faut un budget conséquent. Les grands-parents ? Ils sont déjà là pour les dépannages d’urgence. Bref, la pers-pective de travailler pour payer la nourrice ne vous enchante pas.

Mère au foyer et répartition des tâches

  • Rester à la maison, c’est avoir plus de temps pour ses enfants. C’est aussi passer une bonne partie de ses journées surchargée par les tâches ménagères. Enfin c’est le risque d’avoir un mari qui en fait deux fois moins qu’avant ! Chiffres à l’appui :
  • Quand leur compagne est mère au foyer, 41 % des pères consacrent moins de 3 heures par semaine aux tâches domestiques (contre 28 % quand elles ont un emploi). Les mères déclarent en moyenne 18 heures de tâches ménagères… Cherchez l’erreur !
  • 30 % des hommes dont la conjointe reste à la maison ne s’occupent ni du biberon, ni du change, ni du bain et ne prodiguent aucun soin au bébé (contre 15 %). À méditer !

Pourquoi votre mari refuse

Ses raisons peuvent être tout à fait fondées et justifiées. Écoutez-les avant de prendre une décision finale.

  • Il peut redouter d’être la seule source de revenu de la famille. Il s’inquiète des répercussions d’un salaire en moins sur le budget avec les frais qu’un enfant occasionne. Il peut avoir un emploi précaire (intérim, CDD), craindre un éventuel licenciement, avoir contracté un prêt bancaire…
  • Il craint que vous ne puissiez pas retrouver un travail dans un contexte économique difficile. Il est vrai que les femmes qui arrêtent de travailler à la suite d’une naissance occupent des emplois moins qualifiés. Leurs conditions de travail sont aussi plus précaires. Une mère sur trois qui ne travaillent plus était en CDD ou en intérim. Ainsi, faute de bénéficier du congé parental, un quart d’entre elles n’a pas la garantie de retrouver un emploi.

Quelques statistiques

  • Il y avait 2,1 millions de femmes au foyer en 2011 en France (contre 3,5 millions en 1991).
  • Si le taux d’activité des femmes âgées de 25 à 49 ans n’ayant pas d’enfants est de 91 %, en France, il est de 83 % pour les mamans d’1 enfant de moins de 3 ans, 63,4 % pour les mamans de 2 enfants dont le plus jeune a moins de 3 ans et de 38,2 % pour les mamans de 3 enfants ou plus dont le plus jeune a, toujours, moins de 3 ans.
  • On observe également que de nombreuses mamans optent pour le temps partiel. Quand elles n’ont pas d’enfants, le temps partiel ne concerne que 15,8 % des femmes actives. Ce chiffre passe à 25,3 % pour les mamans d’1 enfant de moins de 3 ans, 44 % pour les mamans de 2 enfants dont le plus jeune a moins de 3 ans et 51,4 % des mamans d’au moins 3 enfants dont le plus jeune a moins de 3 ans.
  • D’autres part, 96 % des personnes qui bénéficient du complément de libre choix d’activité sont des femmes. Parmi elles, 56,2 % ne travaillent pas du tout.

Mère au foyer : juste une parenthèse

  • Rester à la maison n’est pas forcément une décision définitive, loin de là ! Seules 5 % des femmes envisagent de ne pas reprendre un travail. Vous faites peut-être partie des 3/4 des mères au foyer qui envisagent de reprendre le travail (40 % avant les 3 ans de l’enfant). Le temps passe vite et vous aurez peut-être envie de reprendre une activité plus tôt que prévu. Le plus important est de rester épanouie !
  • Près d’un tiers des mères au foyer regrette cette décision. Les deux raisons souvent invoquées sont le manque de contact et d’échange avec des adultes (60 %) et le besoin d’activités extérieures (39 %).
  • Alors veillez à ne pas vous couper de vos connaissances, continuez à nouer des contacts avec d’autres parents en participant à la vie de l’école par exemple et avec vos anciens collègues. Accordez-vous au moins une soirée dans la semaine pour une sortie en couple ou entre amis et un moment pour une activité de votre choix, artistique ou sportive par exemple.

Vos aides et vos droits

Certains congés vous sont accordés : prenez le temps de vous renseigner et profitez-en pour bien réfléchir.

  • Le complément de libre choix d’activité est accessible dès le premier enfant pour une durée de 6 mois. À partir du 2e enfant, il peut s’étendre jusqu’à ses 3 ans. Il est renouvelable à chaque naissance. Il faut avoir travaillé au moins deux ans dans les 4 dernières années avant la naissance du 2e enfant. Vous ne pouvez pas bénéficier d’une allocation chômage au même moment. Le paiement des indemnités peut être suspendu par Pôle Emploi et reprendre à la fin de votre complément de libre choix d’activité.
  • Le congé parental d’éducation : votre employeur doit vous l’accorder à partir d’1 an d’ancienneté au moment de la naissance de votre enfant et ce, dès votre premier enfant. Sa durée est d’1 an, renouvelable deux fois.
  • En cas d’activité à temps partiel, vous conservez l’ensemble de vos droits et votre salaire sera calculé au prorata de votre temps de présence.
  • Si vous arrêtez totalement de travailler, votre contrat de travail et votre rémunération seront suspendus, mais vous conservez le bénéfice de tous vos avantages acquis. Durant ce congé, vous pouvez être assistante maternelle ou suivre, à votre charge, une formation.

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