Né par PMA, il retrouve son donneur

Le don de sperme doit-il toujours rester anonyme ? Un jeune homme, qui vient de retrouver son donneur, relance le débat, qui fera sans doute beaucoup parler de lui lors des réunions des États généraux de la bioéthiques, qui se déroulent du 18 janvier jusqu’au 7 juillet. On fait le point.

Depuis une cinquantaine d’années, des milliers de français sont nés grâce à l’insémination artificielle, et donc des donneurs anonymes. Aujourd’hui, la loi permet à ces donneurs de rester anonymes, d’où le nom de PMA : Procréation Médicalement Anonyme.

Ces six mois de débats se consacreront, entre autres, à la PMA, ainsi qu’à la GPA, la Gestation Pour Autrui, et de nouvelles lois pourraient être proposées. Le gouvernement parle déjà d’élargir la méthode de la PMA à toutes les femmes. Elle est actuellement réservée aux couples hétérosexuels « en âge de procréer », qui ont des problèmes d’infertilité ou qui sont atteints d’une maladie qui pourrait être transmise à leurs enfants. Mais il s’agit ici de se demander si l’identité de ces donneurs doit toujours rester anonymes, ou si les enfants nés grâce à cette méthode pourraient avoir accès à leurs données, et ainsi connaître leur géniteur.

C’est la quête qu’Arthur Kermalvezen, 34 ans, qui affirme avoir trouvé son géniteur à la suite d’une très longue recherche généalogique et génétique. Après avoir commandé un test sur le site d’une firme américaine, il a rencontré un homme, vivant aux États-Unis, avec qui il partage environ 6 % de son ADN. En analysant son arbre généalogique, et après quelques coups de fil et des lettres, il a fini par être en contact avec son géniteur. C’était pour lui une quête personnelle, et « vitale ». Il milite aujourd’hui pour que les enfants nés d’une PMA aient accès aux données de leur géniteur, et que l’anonymat soit levé. Il milite pour « le droit de savoir ».

La question est épineuse, car quelle volonté doit être supérieure ? Celle des donneurs, qui souhaitent absolument rester anonymes, car ils ne font pas là la démarche d’être « pères » mais seulement d’aider des couples à avoir des enfants et qu’ils ne veulent pas être retrouvés pour ne pas avoir de lien avec l’enfant, ou bien celle des enfants qui, en grandissant, sont souvent très demandeurs quant à leurs origines ? Beaucoup d’enfants nés par PMA, aujourd’hui devenus adultes, sont vraiment peinés par cette absence d’informations, voire témoignent d’un profond mal-être. Pour Arthur Kermalvezen, c’était une « quête d’identité » indispensable. La Convention européenne des droits de l’homme semble justement donner la réponse : selon son article 8, « il est vital pour un individu de connaître son ascendant biologique » et « l’intérêt supérieur de l’enfant inclut le droit de connaître ses origines ». C’est pourquoi Arthur souhaite que la France soit condamnée pour ne pas respecter ce principe, et du moins que le débat soit relancé.

Cette recherche était aussi pour lui l’occasion de savoir s’il avait des prédispositions à certaines maladies, connaître des données médicales plus précises, pour lui comme pour ses enfants.

Le problème, c’est que les dons sont aujourd’hui à peine suffisants pour les femmes qui font la demande d’une PMA. Des questions se posent alors : si ce procédé est élargi à toutes les femmes, l’attente ne sera-t-elle pas interminable ? Y aura-t-il assez de dons ? La levée de l’anonymat n’entraînera-t-elle pas une réduction du nombre de dons ? Si l’anonymat est levé, les parents informeront-ils plus ou moins leurs enfants de leur réelle situation ?

Plusieurs pays ont renoncé ces dernières années à l’anonymat absolu, comme la Suède, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Autriche, la Finlande (les enfants ont accès aux données à leur majorité, s’ils le souhaitent) et la Belgique, où les donneurs indiquent dès le départ s’ils font un don anonyme ou identifié. La France doit-elle suivre leur décision ?

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