Avoir un bébé à 40 ans

Véronique est aux anges : son test de grossesse est positif. Dans un peu plus de sept mois, elle sera maman pour la première fois. Son bébé verra le jour à la veille de ses 41 ans ! Avoir un bébé à l’âge où certaines femmes sont déjà grands-mères, ça n’a plus rien d’exceptionnel. Petit tour d’horizon de ce phénomène.

Qu’est-ce qui peut pousser une femme à attendre 40 ans pour devenir mère ? Ce choix est loin d’être une mode mais est directement lié au statut des femmes dans nos sociétés et associé aux progrès du suivi médical.

Un phénomène en progression

  • Contraception, études prolongées, carrière prenante, infertilité, familles recomposées ou crise du logement : les facteurs qui favorisent cette tendance s’accumulent.
  • Les femmes ont globalement leur premier enfant de plus en plus tard. En France, en 1980, 8 % des bébés avaient une maman âgée de 35 ans et plus… En 2004, ce sont 17,5 % des nouveau-nés. En 20 ans, le nombre de grossesses après 40 ans a presque doublé ! Dans les années 1970, les femmes accouchaient en moyenne à 26 ans, elles le faisaient à 30,3 ans en moyenne en 2013.
  • Mais la nature, elle, ne suit pas les tendances : la maternité se supporte généralement mieux à 20 ans qu’à 40. Pour les jeunes, les statistiques le prouvent : la fertilité et la récupération sont accrues.

Des mamans comme les autres

  • S’occuper d’un bébé, l’éduquer, le protéger et l’aimer bouleverse tout, et l’âge des parents n’a rien à voir avec cette vérité fondamentale !
  • Courir après Gaétan qui refuse de mettre son bonnet, cela reste très faisable à 41 ans… Quant à assumer son autorité et se dégager des interventions intempestives de sa belle-mère ou d’une tante intrusive, on a peut-être déjà sur ce point, une bonne longueur d’avance.
  • Aujourd’hui, les femmes qui ont la quarantaine ne ressemblent plus vraiment à la quadra des années 1960 qui portait déjà sur ses épaules le poids des années. La population vieillit globalement mieux qu’avant et cette tendance encourage bien sûr les grossesse tardives.

Grossesses tardives en question

  • « On ne naît pas parents, on le devient », l’adage est valable pour tous… Les difficultés d’adaptation qu’impose toute naissance ne risquent-t-elles pas d’être accrues quand la maturité a déjà fixé un certain nombre d’habitudes et de certitudes ?
  • Fatigue physique et nerveuse, rupture d’un rythme rodé, décalage générationnel, complexe du parent vieux, surprotection du bébé ou incompréhension persistante : tout ceci peut entrer en ligne de compte.
  • Comment faire face à des jumeaux turbulents de 3 ans, quand on en a soi-même 46 et un sacré mal de dos ? Avoir une mère de 54 ans, quand on en a 13… Est-ce facile à vivre pour une adolescente ? Comment réussir à suivre une génération qui n’est résolument pas la nôtre, sans plonger non plus dans un jeunisme affligeant ?
  • Ces interrogations reflètent aussi un certain machisme éducatif puisque, pour un homme, être père à 40 ans ne soulève pas la moindre question, et les pères de 50 ans ne choquent (presque) personne non plus !

Accepter son âge

  • L’âge ne se cache pas et ce ne sont pas des potions antirides qui masqueront la réalité.
  • Pour le petit enfant, certaines remarques peuvent blesser. La sortie d’école où un copain lance : « C’est ta grand-mère qui vient te chercher ? »… ou « Elle est vieille ta mère ! ».
  • Il faut parler de tout avec les petits. Expliquez pourquoi maman et papa ont attendu si longtemps et présentez tous les avantages. Il n’est pas question de faire cesser les moqueries, mais qu’à l’avenir, elles survolent votre enfant au lieu de le blesser.

Les atouts des mamans de plus de 40 ans

  • Cette maman est bien plus mature et elle a de bonnes chances d’être une mère décomplexée.
  • À 40 ans, on a enterré le prince charmant et l’on est revenue de la mère idéale. On sait que les « wonder women » des magazines avec coupes de cheveux impeccables, c’est comme le carrosse de Cendrillon : un rêve !
  • La quarantaine permet d’aborder certaines questions de la petite enfance avec davantage de sérénité. Les problèmes existentiels sont réglés, on a déjà bien profité en voyageant et en s’accomplissant autrement, on a eu le temps de s’informer. On a pesé le pour et le contre avec l’âme sœur pour éviter ces ruptures fréquentes qui suivent la première année du petit… On a peut-être rencontré il y a peu le papa, et on se lance dare-dare dans l’aventure…
  • Professionnellement et socialement arrivée, on se consacre à sa famille en déculpabilisant pour sa carrière. Là où certaines jeunes mamans voudraient tout réussir tout de suite, on a acquis davantage de patience, et remisé certaines illusions nocives. Du temps pour soi, pour son enfant et moins de stress… La maturité n’a pas que des inconvénients !

Les pouvoirs publics s'en mêle

  • Le Haut Conseil de la Population et de la Famille a tiré la sonnette d’alarme, en avril 2005. Pas vraiment pour condamner celles qui « s’y mettent » si tard, les pouvoirs publics n’ont rien à dire de ce point de vue, mais plutôt pour rappeler ce que la nature a prévu : une grossesse avant 30 ans, plus facile à vivre, pour le bébé comme pour la maman.
  • Quand on parle de grossesses tardives, il faut aussi éviter les amalgames avec les maternités ultratardives (le cas de ces mamies qui procréent artificiellement au-delà de 50, voire 60 ans) relevant davantage du record médical, et portant à s’interroger sur la nature même de leur désir de maternité.

Bon à savoir

Même si les femmes de 40 ans aujourd’hui sont en très grande forme, une grossesse à tout prix n’est pas forcément souhaitable. Il existe un certain nombre de risques particuliers à écarter : l’hypertension, le diabète, les fausses couches, les risques de prématurité ou les fibromes.

On sait aussi que, passé 35 ans, les anomalies chromosomiques et le risque de trisomie 21 augmentent sensiblement. À 25 ans, le risque est de 1 pour 2 000 naissances. À 40 ans, on passe à un rapport de 1 pour 50 ! L’amniocentèse est proposée par le médecin et remboursée, dès que la future maman atteint l’âge de 38 ans. Le prélèvement est pratiqué vers la 13e semaine : c’est une ponction du liquide amniotique à travers l’abdomen, à l’aide d’une seringue, sous contrôle échographique.

Avant de vous lancer dans ce grand projet, prenez donc le temps de vous confier à votre médecin qui vous fera faire un bilan de santé. Vous aurez ainsi toutes les cartes en main avant d’affronter la grande aventure de la maternité !

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