Comment punir son enfant ?

La transgression des interdits implique parfois des sanctions. Mais punir son enfant est une corvée dont on se passerait bien ! Voici donc quelques pistes pour donner une punition avec discernement.

Vous ne voulez pas jouer le rôle du père fouettard. Vous ne souhaitez pas « dresser » votre enfant en lui imposant des interdits et des règles à suivre. Toutefois, ne confondez pas autorité et tyrannie, interdit et abus de pouvoir.

Les bons interdits

Les bons interdits doivent encadrer votre enfant en respectant ses rythmes et son développement. Ils ne sont pas là pour vous arranger ou vous faciliter la vie. Par exemple, on ne force pas un enfant à dormir. Un sommeil régulier est pourtant bénéfique pour sa croissance. Il va donc au lit à heure fixe même s’il ne s’endort pas tout de suite et qu’il joue un peu avec ses peluches sous la couette.

Les mauvais arguments contre l’autorité

  • « Je ne veux pas de conflit, on se voit déjà si peu. » Accaparée par vos impératifs professionnels, vous culpabilisez de ne pas profiter plus de lui. Vous ne voulez passer que de bons moments en sa compagnie. C’est le faire grandir dans l’illusion qu’aucune épreuve, aucun désaccord ne l’attend dans la vie.
  • « À quoi bon le frustrer, il est si jeune ! » Il vous semble qu’il a bien le temps de devoir se priver. Vous aspirez à lui donner tout ce dont il rêve, ce que peut-être vous n’avez pas eu la chance d’avoir. Prendre conscience que ses désirs ne peuvent être satisfaits immédiatement est une expérience inévitable dans son développement.
  • « De toute façon il n’en fait qu’à sa tête. » Il a à peine trois ans et il s’oppose déjà sans cesse à vous. Il dit non à tout ce que vous lui proposez. Il se braque quand vous lui tenez tête. Il est à une étape où il cherche à s’affirmer.

Un enfant a besoin de limites

  • Pour se sentir en sécurité : si tout est permis, l’enfant peut alors tout faire et tout se permettre. Mais il n’est pas dupe longtemps, il apprend souvent à ses dépens qu’il y a toujours une personne plus forte que lui. Sans loi, elle peut s’accorder toutes les « libertés ». Celle de lui faire impunément du mal par exemple.
  • Pour s’humaniser : l’humanité est constituée d’interdits fondamentaux. Sans limites, un enfant n’est pas libre mais prisonnier de ses envies. La satisfaction des désirs immédiats est plaisante à court terme mais votre enfant ne se réduit pas à un animal mû par ses pulsions !
  • Pour grandir : chacun a sa place et son rôle au sein de la famille. Votre enfant n’est pas votre confident ou votre copain. Il est un adulte en devenir qui s’inscrit dans une lignée familiale.
  • Pour comprendre le monde dans lequel il évolue : toute société est régie par des lois fondamentales (l’interdit de l’inceste, de faire mal à autrui et à soi-même, etc.). À une autre échelle, toute famille possède son code de bonne conduite pour fonctionner.

Comment ne pas craquer face à son enfant

  • Il vous exaspère. Il ne vous écoute pas, pire vous avez le sentiment qu’il vous nargue. Vous n’arrivez plus à gérer la situation. Vous êtes à bout. L’énervement vous gagne, il est à deux doigts de recevoir une tape sur les fesses. Dites-lui en lui faisant les gros yeux qu’il vous énerve au point de vous faire perdre votre sang froid.
  •  Transférez votre agressivité. Votre colère est réelle et vous avez besoin de la décharger. Pour cela, respirez, changez de pièce, puis reprenez votre explication.
  • Passez le relais. Prévenez votre enfant que son attitude demande l’intervention de son père. Demandez à votre conjoint d’intervenir pour tempérer la situation orageuse. Vous avez été deux à le désirer ce diablotin, eh bien vous êtes deux pour l’éduquer !
  • Prenez du recul. Il peut arriver à chacun de traverser des moments difficiles où les soucis du quotidien semblent insurmontables. N’hésitez pas à en faire part à votre conjoint. Une aide psychologique peut aussi vous aider à faire le point.

Ne culpabilisez pas

  • Après une tape, on se sent plus ou moins consciemment mauvais parent. On perd l’estime de soi car on n’a pas su se maîtriser. « Je lui ai donné une tape et je me sens coupable. »
  • C’est le signe de l’échec de la communication entre vous et lui. Dédramatisez, laissez-le filer dans sa chambre sans chercher à vous faire pardonner par des câlins à n’en plus finir, ni des gâteries. Aucun parent n’est parfait. Dites-vous qu’il n’y aura pas de prochaine fois car votre autorité saura passer par la parole même si elle doit être ferme et sans appel.
  • La tape est à distinguer de la fessée qui est une série de coups donnés sur les fesses, parfois déculottées. La fessée, comme les corrections annoncées à l’avance, est mise en scène : les coups de ceintures, de martinet, de règles sur les doigts, les oreilles tirées, sont des châtiments corporels infligés avec sadisme à l’enfant. Ils relèvent, comme les humiliations et l’acharnement psychologique, d’une maltraitance envers l’enfant.

La punition, pour quoi faire ?

  • Elle donne du poids aux interdits énoncés. Les paroles ne suffisent pas toujours à faire respecter les limites. Les menaces sans suite ne dissuadent pas longtemps les enfants téméraires. Votre crédibilité est rapidement en jeu. Dans la société, un fauteur pris la main dans le sac est sanctionné par une amende, un travail d’intérêt public, la prison… À la maison aussi, il y a des lois à respecter sinon la sanction tombe.
  • Elle offre une issue à l’enfant. Il y a des sottises involontaires qui appellent à l’indulgence. Mais toutes ne le sont pas ! Quand les interdits sont clairs et souvent répétés, l’enfant sait pertinemment quand il les transgresse. La sanction représente aussi pour lui, le moyen de réparer concrètement sa bêtise et de ne plus culpabiliser. Bien sûr, il faut punir avec discernement et de manière mesurée.

Les dix règles pour une sanction adaptée

  • La punition doit varier en fonction de la gravité de la bêtise et de l’âge de l’enfant.
  • Les bébés n’ont pas à être punis, ils n’ont pas conscience de leurs actes, ils sont trop jeunes pour intégrer une règle.
  • Elle doit être simple et de l’ordre du possible, par exemple présenter ses excuses ou trouver un moyen de réparer sa bêtise.
  • Elle s’accompagne toujours d’une explication claire : « Tu sais que c’est interdit de toucher à la cuisinière. Tu pourrais te faire mal en te brûlant. Sors de la cuisine et vas dans ta chambre, réfléchir à ta bêtise ! »
  • Après sa punition, votre enfant s’enferme dans la rancœur… C’est à vous de faire l’effort d’aller vers lui !
  • On ne dit jamais à un enfant qui a fait une bêtise qu’il est méchant, vilain ou mauvais. Ce n’est pas lui mais son acte qui vous a déplu.
  • Les sanctions ne doivent porter ni sur la nourriture ni sur le sommeil. Manger et dormir sont des besoins fondamentaux qui ne doivent pas être vus comme des punitions par votre enfant.
  • Ne présentez pas les devoirs comme des corvées. Ne l’envoyez pas dans sa chambre faire ses exercices pour le sanctionner.
  • Les humiliations sont à proscrire. Il est inutile de montrer ses bêtises à tous ses copains pour être bien sûr que cela lui servira de leçon.
  • Le chantage affectif est à bannir : l’amour que vous lui portez ne se monnaie pas.

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