Faut-il donner des fessées aux enfants ?

Même en période de conflit ouvert avec votre enfant, la violence n’est pas la solution.

Il refuse de faire un pas de plus vers la maison et prétend rester assis au milieu du trottoir. Elle se roule par terre et exige une peluche dans le magasin… Il y a des jours où l’envie nous démange de donner une claque, ou une bonne fessée ! Puisque les arguments n’y font rien, la manière forte aura peut-être plus de succès ?

Comment réagir aux caprices de votre enfant ?

  • Dire « non » pour le jeune enfant, c’est souvent la première manifestation de son individualité. S’il s’oppose à ses parents, c’est pour mieux affirmer sa personnalité. Certains parents pensent, inconsciemment, que les bêtises de leurs enfants sont dirigées contre eux. Il est préférable de prendre conscience de cet état d’esprit, afin de s’en débarrasser. En outre, les tout-petits sont incapables de respecter toutes les règles, c’est une question de développement et il est souvent inutile de les gronder.
  • Pour autant, les parents ne doivent pas se sentir menacés dans leur autorité lorsque l’enfant conteste. En revanche, ce qu’ils vont faire de cette opposition leur appartient. À eux d’expliquer le pourquoi de telle interdiction, ou de telle obligation. Quel que soit l’âge de l’enfant, cela passe par la parole : tout doit être expliqué dans le langage le plus approprié. Le message le plus simple est souvent celui que l’enfant va le mieux comprendre. « Tu dois aller au lit maintenant, parce que tu es fatigué », « Tu ne peux pas manger ceci, parce que cela te rendrait malade », « Tu dois prêter tes jouets, si tu veux avoir des copains », « Tu ne dois pas prendre le jouet du voisin, sans lui demander s’il est d’accord. »

La fessée : un geste parfois lourd de conséquences

À court terme, la tape sur les fesses peut avoir un effet. Autrement dit, l’enfant peut obéir et faire ce qu’on lui demande. Mais, à long terme, c’est différent. Un enfant n’est pas programmé pour recevoir des coups, mais pour établir des liens d’amour et de confiance avec ses parents. Si on mêle à cette relation des gestes de violence, on introduit une notion pour laquelle il n’a pas de réponse, sauf celle d’obéir. Or, il est dangereux de se soumettre à la violence, cela peut conduire à la négation de soi. En outre, votre enfant risque de comprendre que c’est une forme de communication comme une autre et se mettre à frapper à son tour.

D’autres façons d’exprimer son autorité

  • L’autorité parentale doit avoir pour objectif de fixer des repères à l’enfant. C’est grâce à eux qu’il construira, pas à pas, son autonomie.
  • Ces repères lui permettent d’apprendre comment se comporter en société, mais aussi de comprendre ce qui est bon pour lui et ce qui est mauvais, ce qui est dangereux et ce qui ne l’est pas, ce qu’il est en droit de faire à tel âge et à tel autre.
  • Si vous voulez le sanctionner, votre sanction doit être une conséquence réaliste et proportionnée : « Si tu ne fais pas telle chose, je ne vois pas pourquoi je te donnerai telle autre. » Et surtout, elle doit être immédiate.
  • Aujourd’hui de nombreux parents tolèrent tout, puis explosent, alors qu’il est préférable de réagir à chaque déclencheur.
  • Si vous doutez, dites-vous bien que faire montre d’autorité auprès d’un enfant, c’est aussi lui prouver qu’on est capable de le protéger et qu’il peut grandir en toute confiance.

Attention à ne pas donner un mauvais exemple à l’enfant !

Les enfants prennent exemple sur leur entourage. Si l’enfant constate que l’adulte fait usage de violence lorsqu’il est en colère, il aura tendance à reproduire ce même comportement, si l’un de ses camarades le met en colère. Il vaut mieux lui apprendre à résoudre autrement un conflit, par la parole et la négociation, par exemple. Il en est de même de son comportement vis-à-vis de son petit frère ou de sa petite sœur : l’enfant doit apprendre qu’on ne doit pas user de sa supériorité physique sur un plus petit et l’adulte doit donner l’exemple. De plus, si les fessées se répètent trop souvent, l’enfant a, sans cesse, peur de faire une bêtise, n’ose plus rien entreprendre et risque de se refermer sur lui-même. La répétition de fessées peut alors avoir un retentissement sur son développement.

Une loi contre la punition corporelle

Une douzaine de nations dans le monde, dont l’Allemagne, l’Autriche, la Norvège, la Suède, mais aussi Chypre, la Lituanie ou Israël ont voté, ces dernières années, une loi interdisant toute forme de punition corporelle au sein de la famille. Dans ces pays, la fessée se retrouve donc hors la loi et tout parent pris en flagrant délit de main levée peut être assigné en justice, par son conjoint, ou ses enfants.

Si la fessée est « partie »…

Réfléchissez aux raisons qui vous y ont conduit. Vous serez mieux armée pour faire face une prochaine fois. Surtout, ne vous précipitez pas sur votre enfant pour lui faire un bisou, ou lui offrir un petit cadeau, c’est pire que tout : votre enfant va penser que vous avez eu tort. Instaurez de la cohérence ! En revanche, si vous vous êtes laissée envahir par une colère disproportionnée, que vous avez, spontanément, donné une fessée et que vous le regrettez, excusez-vous.

Si fessée il y a, elle doit être symbolique !

  • En dernier recours, si vous considérez qu’il n’y a que cette solution, donnez la fessée.
  • Inutile de taper fort : c’est pour montrer à l’enfant qu’il a mal agi. Une petite tape sur les fesses – jamais sur le visage – est acceptable, pour mettre un terme à une situation, pas pour faire mal ou pour humilier.
  • Bannissez la fessée « à froid » déconnectée de son contexte, décalée, quand papa rentre le soir par exemple, votre enfant ne comprendrait pas et ressentirait cela, avec raison, comme une injustice.
  • Bannissez aussi la fessée annoncée souvent, mais qui ne vient jamais : c’est l’engrenage et la surenchère garantis.
  • Au lieu de donner une claque, réfléchissez à la situation : comment aider l’enfant à sortir de cette colère, ou de ce caprice et éviter que cela ne se reproduise… Il n’y a pas de recette miracle, seulement des solutions à inventer… au coup par coup !

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