La hanche : une articulation à connaître

Comprimé fortement dans l’utérus, le futur bébé a parfois du mal à trouver suffisamment de place pour jouer des jambes. À fortiori lorsqu’il se retrouve la tête en bas. Ce sont ses hanches, qui risquent de souffrir tout particulièrement de cette position peu commode.

Agathe est un beau bébé de 3,6 kg, née une semaine avant terme. Elle a passé tous les examens médicaux avec succès, sauf un : la mobilité de ses hanches, sans être anormale, est un peu restreinte. Agathe est crispée, trop crispée. Elle souffre de ce qu’on appelle une « limite à l’abduction bilatérale » ; en d’autres termes, cela signifie qu’elle ne peut dégager correctement ses deux petites jambes de son corps.

Le pédiatre de la maternité décide de lui faire passer une échographie du bassin, afin de vérifier qu’Agathe ne présente pas une luxation de la hanche. Le risque statistique de cette anomalie oscille actuellement, selon les spécialistes et les régions, de 6 à 20 pour 1000 naissances, soit environ 15 000 cas par an, avec une large prédominance du sexe féminin.

Le saviez-vous ?

Les contraintes mécaniques exercées sur la hanche, sont évidemment plus fréquentes lors d’une première grossesse, lorsque l’utérus est plus tonique que lors des grossesses ultérieures.

Les raisons d'une luxation de la hanche

Pendant la vie intra-utérine, la tête du fémur est parfaitement en place, dans la cavité du bassin destinée à la recevoir. Toutefois, deux facteurs principaux peuvent empêcher ce développement harmonieux : la position intra-utérine et l’hérédité.

  • Dans le premier cas, si le fœtus est inconfortablement logé dans le ventre de sa maman et que, de surcroît, il se présente par le siège, il se trouve comprimé contre les parois de l’utérus. Conséquence : l’articulation de la hanche ne peut plus jouer librement et se trouve dans une position constamment étirée. Les ligaments sont distendus et n’assurent plus une bonne stabilité de l’ensemble.
  • Dans le deuxième cas, un bébé peut souffrir d’une luxation de la hanche, parce qu’il est issu d’une famille à risque : son père ou sa mère en ont été eux-mêmes affectés. Dans certaines régions de France, comme la Bretagne, la Vendée, le Massif Central, cette pathologie héréditaire est plus fréquente qu’ailleurs en raison de la consanguinité.

L'importance du diagnostique

Dépistée précocement, la luxation congénitale de la hanche est facile à traiter et ne compromet en rien le développement psychomoteur de l’enfant. En revanche, si la malformation tarde à être diagnostiquée, la luxation devient évidente. Les parents constatent d’abord un retard de la marche, puis une démarche en canard. L’enfant boite, se déhanche comme il peut et garde le dos courbé.

Faire tester les hanches de son enfant

À la maternité, le pédiatre doit évaluer la mobilité de l’articulation. Pour ce faire, il couche le bébé tout nu sur le dos, les jambes rapprochées l’une de l’autre. Il tient un genou entre le pouce et l’index de chaque main, et le fléchit jusqu’à ce que tibia forme un angle droit avec le fémur. Chaque hanche est testée simultanément. Si la hanche est instable, le pédiatre sent sous ses doigts un « ressaut », à la fin du mouvement. Il est dû au fait que la tête du fémur, luxée en arrière par la pression sur le genou, réintègre brusquement sa cavité d’origine.

L'échographie pour dépister une éventuelle luxation

L’échographie de dépistage est réalisée à la fin du premier mois de la vie. Un délai que s’accordent les spécialistes, pour laisser certaines anomalies mineures se corriger spontanément, et d’autres s’installer tout à fait. Cet examen d’imagerie est recommandé en cas de doute clinique, mais également en présence de facteurs de risque : antécédents familiaux (parents ou fratrie ayant déjà eux une luxation), naissance par le siège, bébés ayant été comprimés fortement dans l’utérus et souffrant de problèmes orthopédiques, comme un torticolis ou une déformation des pieds. Cet examen permet de déceler une anomalie mineure chez un bébé sur dix environ, alors qu’un nourrisson sur cent a des hanches anormales.

Fiable, et non traumatique, l’échographie a largement supplanté la radiographie. Cette dernière reste toutefois justifiée au quatrième mois, lorsque l’échographie ne peut être réalisée chez un bébé à risques, ou s’il existe une discordance entre les signes cliniques et les données échographiques.

 

Quand la hanche se « grippe »

  • Encore appelée « rhume de hanche », cette affection peu douloureuse, survient dans les huit à dix jours suivant une infection ORL et se manifeste par une boiterie d’intensité variable. Celle-ci peut aller de la simple claudication, au refus clair et net de poser le pied par terre : tous les scénarios sont envisageables.
  • L’enfant a des difficultés à localiser la gêne, il va rarement se plaindre de la hanche, mais le plus souvent du genou ou de la cuisse.
  • Seul un examen clinique pourra localiser avec précision l’endroit douloureux et, après avoir décelé une raideur de la hanche on pratique une échographie pour confirmer le diagnostic. Celle-ci permet de dépister un liquide inflammatoire, d’origine virale, localisé dans l’articulation.
  • Une radio de contrôle, deux mois après, confirme l’intégrité de l’articulation et élimine une ostéochondrite primitive de la hanche. Les examens sanguins sont normaux.
  • Handicapant, ce trouble est toutefois passager et sans gravité. Dans la plupart des cas, avec un repos forcé et la prise d’anti-inflammatoires (aspirine), le rhume de hanche cède en quelques jours.
  • En trois jours environ, votre enfant sera sur pieds et pourra reprendre une activité très progressive.

Traiter la luxation de la hanche chez le bébé

Chez un nouveau-né, porteur d’une hanche instable simple, l’immobilité est réalisée grâce à des techniques de lange en abduction pour centrer la tête fémorale. Il s’agit de maintenir les membres inférieurs en flexion, cuisses écartées en position de grenouille pendant les premiers mois de la vie. On peut également utiliser trois ou quatre couches à la fois, assez larges, pour maintenir les jambes dans cette position écartée. Un lange découpé en H, et doublé d’un coussin fort, ou un lange roulé et placé entre les cuisses du bébé, peuvent également remplir ce rôle. Un contrôle échographique est nécessaire. Deux mois d’abduction suffisent en général.

La hanche luxée réductible, quant à elle, est maintenue en place par un harnais. Cet appareil, permet de doser l’abduction et de s’adapter à la croissance du bébé. Cette contrainte est installée jour et nuit, pendant cinq mois environ. Des échographies de contrôle au huitième jour, au 1er mois et au 2e mois, suivi d’une radiographie au 4e mois, vérifient la bonne position de la tête du fémur.

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