Je crie trop !

« Je crie, il est surpris, il obéit. » Comment éviter cet enchaînement et imposer les limites sans crier, ni se répéter dix fois ?

Au fur et à mesure que l’enfant grandit, il passe par des étapes obligées. S’affirmer, c’est se différencier, s’opposer. La tempête du «non» vous tombe dessus vers 18 mois et dure jusqu’à 3 ans. Une période usante, surtout pour les nerfs, surtout avec un quotidien bien chargé !

La maternité ou l’école de la patience

L’intensité et la fréquence des crises d’opposition mettent vraiment à rude épreuve la patience des mamans.

  • Votre enfant teste vos limites, pas seulement pour vous agacer mais pour grandir : il n’attend pas vos cris, mais veut savoir jusqu’où il peut aller. Seul moyen de survie dans cette tempête de « non », laisser son enfant se prendre à son propre piège plutôt que de s’énerver :
    • « Non je ne veux pas me coucher dans mon lit. »
    • « D’accord, tu dors par terre. Bonne nuit ma chérie ! »
  • On ne peut pas toujours laisser l’enfant décider : se promener avec un manteau en plein été, oui ; traverser la rue sans donner la main, non ! Crier après l’enfant qui se roule par terre chez la boulangère ne fait qu’alimenter sa colère. Répondre par des cris quand il s’oppose ou ne respecte pas vos exigences, c’est obtenir l’obéissance une première fois, moins sûrement la seconde et plus du tout la troisième.
  • Les cris deviennent un mode de communication normal pour l’enfant. Ils traduisent aussi votre niveau d’impatience, mais il y a des solutions pour ne pas en arriver là !

Une communication agressive

Crier, c’est traumatisant ! Craquer de temps en temps c’est humain. Mais établir un mode de communication basé sur les cris, c’est augmenter le potentiel agressif chez un enfant qui agit par mimétisme et risque de reproduire le même schéma pour obtenir satisfaction. Crier ne signifie pas parler fort, mais avec violence et, à terme, cela peut traumatiser un enfant. Aux parents d’apprendre à réserver les cris à une vraie colère ou une grosse émotion, qu’elle soit joyeuse ou triste.

Fixer des règles pour son enfant

Quand l’enfant entre dans sa période d’opposition, la désobéissance devient alors une évidence.

  • À vous parents de lui imposer les limites infranchissables, sans négociation possible et, bien entendu, les deux parents doivent être d’accord. Imposer ces limites à un enfant est sécurisant et indispensable pour grandir. Il peut cependant exister des règles plus fluctuantes : « Exceptionnellement tu peux regarder le film, ce soir. »
  • Il faut aussi que vos exigences soient adaptées à l’âge de l’enfant : « Range ta chambre », c’est possible à tout âge mais on ne peut avoir les mêmes obligations de résultat pour des enfants de 2 et 6 ans. Quant à l’enfant qui vous laisse répéter dix fois la même chose, c’est parce qu’il sait que vous vous répéterez, en criant peut-être, mais vous répéterez quand même ! Pour ne plus crier, annoncez la couleur : règles et conséquences !

24 heures dans la peau d’une maman : épuisant !

  • Les premières surprises par les cris, sont les mamans elles-mêmes. Surprises de s’être laissées prendre au piège, d’en être arrivées là.
  • Mais après une journée épuisante, au travail ou ailleurs, les soucis ou le stress de la vie quotidienne font que les mamans ne sont pas toujours bien disposées. On a parfois l’impression que tout est prétexte à se disputer, comme si l’on ne servait qu’à interdire. Ce n’est vraiment pas comme cela qu’on envisageait la vie d’une maman !
  • La journée débute par la course contre la montre pour arriver à la crèche ou à l’école. Rebelote au déjeuner ou le soir en rentrant à la maison. Un bout de square, la visite chez le pédiatre, le bain, le dîner, l’histoire, le mari… Et moi et moi et moi ont envie de crier les mamans ! Pas étonnant d’en arriver là après le rythme cadencé d’une mère de famille.
  • Malheureusement, elles ne crient pas à bon escient, mais alimentent un engrenage dont on ne sort qu’avec le recul indispensable, permettant à la maman de bien identifier l’origine de ses cris : l’attitude de son enfant ou un quotidien stressant. Prendre le temps de s’interroger, c’est préserver parfois sa voix et ses nerfs. Facile à dire, et pourtant pas facile à faire !

Se faire entendre sans crier

Si vous établissez des règles, il faut appliquer les conséquences annoncées lorsqu’elles ne sont pas respectées.

  • Reprendre le cadeau ou dessert qui n’est pas suivi d’un merci entraînera peut être des cris, les siens, pas les vôtres. Et très vite, il comprendra la valeur du merci. Un mot qui donne accès à ce qu’il veut, qui lui épargne les cris de maman, qui manifeste la reconnaissance.
  • Souvent les mamans comptent jusqu’à trois… puis crient aussitôt. Tentez plutôt d’appliquer la conséquence, en chuchotant. Fermeté et douceur vont très bien ensemble. Au cours d’une colère il faut tenir fermement son enfant, se mettre à sa hauteur, obtenir un contact visuel et lui dire calmement : « Je ne veux pas m’énerver ici, tu vas dans ta chambre et j’arrive dans 5 minutes. » Il n’y a aucune honte à dire à son enfant : « Je n’ai pas la solution tout de suite. Calmons-nous chacun de notre côté. » Un court instant durant lequel on doit s’interroger sur l’origine de sa perte de contrôle : « Est-ce la colère ou la fatigue, le stress ? » ; « Ma réaction est-elle démesurée par rapport à son comportement ? »
  • Ces quelques minutes de réflexion permettent d’éviter l’escalade des cris, de prendre du recul. Une fois calmée, ne laissez pas votre enfant s’enfermer dans sa colère tout seul. Parlez-lui, toujours à sa hauteur, face à face. Pourquoi refuse-t-il d’obéir ? Pourquoi maman doit-elle s’énerver tout le temps ? Expliquer, c’est faire comprendre et accepter au petit les contraintes de la vie.

Lui faire respecter les règles

  • Pour aider l’enfant à respecter les règles, ayez recours à un contrat illustré et affiché dans sa chambre : des illustrations qui rappellent les consignes à respecter.
  • Comme dans un film, jouez les scènes quotidiennes qui mènent aux cris. Une fois que le parasite est isolé, on rejoue la scène avec la bonne attitude à adopter.
  • Le jeu de rôle est un bon moyen de briser la routine, surtout si on inverse les rôles : quand l’enfant tient celui de la maman, on en apprend beaucoup sur sa vision de notre comportement !

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