Du renvoi au reflux

Les petits rots font partie du quotidien de votre bébé, et les renvois ne sont pas rares. Mais quand ces derniers se mutliplient de manière significative, on parle alors de reflux. Faut-il s’inquiéter ?

Régurgitations, renvois, rejets, autant de termes pour distinguer des petites émissions de lait qui surviennent juste après la tétée ou même quelques minutes plus tard. Les rejets peuvent être abondants sans être vraiment inquiétants. Ils n’entraînent aucun effort, à la différence du vomissement ou du reflux qui s’accompagne d’efforts et de douleur.

Le renvoi est physiologique

Il est dû en partie à la petite capacité de l’estomac de votre bébé. Imaginez qu’un biberon de 200 millilitres équivaut, pour nous adultes, à boire quatre litres d’un coup. Faut-il traiter ?

Devant un bébé qui régurgite beaucoup, la tendance actuelle est de donner systématiquement un médicament anti-reflux destiné à stimuler la motricité de son tube digestif et augmenter le tonus de l’œsophage. C’est une pratique exagérée. Dans la grande majorité des cas, il n’en a pas besoin, c’est un bébé qui crache plus que les autres, c’est tout.

70 % des nourrissons de 4 mois régurgitent, c’est dire la fréquence du phénomène ! Le lait régurgité a souvent un aspect caillé, accompagné d’une odeur aigre-douce. Le temps et le passage à une alimentation plus solide suffisent généralement à améliorer cette situation.

Devant ce symptôme, beaucoup de pa­rents pensent que leur bébé ne digère pas bien. On peut proposer des laits enrichis en bifidus, en prébiotiques ou probiotiques selon les marques.

Comment dépister un reflux

  • Par la pH métrie : une fine sonde est placée dans l’œsophage, l’autre étant reliée à un appareil d’enregistrement. Cette technique donne des informations sur les caractéristiques du reflux : a-t-il lieu la nuit plutôt que le jour, quel est son taux d’acidité, quelle est la durée de l’exposition à l’acide gastrique, enfin comment s’effectue sa distribution ? La pH métrie peut s’effectuer à domicile en 24 heures ou à l’hôpital. Si le bébé présente des malaises, on peut la coupler avec une autre technique, appelée holter cardiaque, qui permettre d’identifier d’éventuels troubles du rythme du cœur.
  • Par la fibroscopie : l’intervention dure quelques minutes. Une fibre optique est introduite par la bouche. Elle permet de se renseigner par l’intermédiaire d’une caméra sur l’intégrité de l’œsophage, de révéler une irritation et de dépister les malformations.

De l’importance du rot

Certains bébés en font systématiquement après la tétée, d’autres prennent leur temps, d’autres enfin peuvent s’abstenir tout à fait. Ne vous inquiétez pas outre mesure. Si votre bébé a bien tété, il peut s’endormir, et ne pas avoir besoin de faire son rot. Dans ce cas-là, ne le dérangez pas et couchez-le tranquillement dans son berceau. Il peut parfois se réveiller, mal à l’aise et dès que vous l’aurez levé, faire entendre un rot tonitruant.

Sachez qu’un tout petit n’a pas forcément un volume d’air suffisant dans son estomac pour produire un rot après chaque repas, surtout s’il est au sein, parce qu’il avale très peu d’air en tétant. C’est vrai également si vous lui proposez un lait artificiel que vous aurez laissé reposer. Tenez votre bébé contre vous pendant une dizaine de minutes. S’il ne fait pas son rot, passé ce laps de temps, cela signifie qu’il a peu d’air dans son estomac. Recouchez-le sans soucis.

De mauvais souvenirs

Les bébés qui régurgitent sans cesse souffrent de cette première expérience difficile avec l’alimentation. Leur perception du monde passant en grande partie par la bouche, on comprend qu’ils puissent en garder des souvenirs désagréables.

Reflux, attention !

C’est une remontée passive du contenu de l’estomac le long de l’œsophage, due à une altération du cardia, le système de fermeture supérieur de l’estomac. Le reflux se traduit, outre par les régurgitations ou les vomissements parfois incessants, par des douleurs accompagnées de pleurs et d’agitation ou des difficultés à s’alimenter. L’enfant a tendance à se rejeter en arrière. Le phénomène est aggravé lorsque les régurgitations ont lieu longtemps après le biberon ; l’estomac a alors commencé la digestion et les sécrétions deviennent très acides : le nourrisson ressent alors une désagréable sensation de brûlure.

Quelques règles à connaître

  • Aujourd’hui on recommande de coucher l’enfant sur le dos et sur un matelas incliné à 30°.
  • Évitez de trop serrer les couches pour ne pas augmenter la pression intra-abdominale et privilégiez les vêtements peu serrés.
  • N’installez pas votre bébé dans un baby relax : la position assise est déconseillée car elle augmente la pression abdominale
  • Évitez le tabagisme passif qui diminue le tonus du sphincter inférieur de l’œsophage et favorise le reflux.
  • Supprimez le traditionnel jus d’orange qui majore les contractions de l’œsophage en plus de son acidité propre.
  • D’une façon générale, proscrivez les aliments qui augmentent l’acidité gastrique (certaines compotes de fruits par exemple).

Des médicaments à la rescousse

Sur avis médical, vous donnerez à votre petit « reflueur » des médicaments qui aident à la vidange gastrique. Le biberon est constitué d’un lait épaissi ou d’un lait tout prêt anti-reflux. À la fin du repas, le bébé reçoit un pansement œsophagien. Ce traitement est à mettre en place jusqu’à la marche. Il ne doit être interrompu que si la guérison est totale. Il existe des médicaments antiacides prescrits selon les résultats des examens complémentaires.

Régurgitations ou vomissements, une différence de taille

Contrairement aux renvois, les vomissements sont actifs et surviennent lors d’un effort. Isolés, il n’y a pas lieu de vous inquiéter. Cela traduit souvent l’existence d’un trouble digestif passager (gastro-entérite). Le liquide que rejette le nouveau-né dépend du stade de la digestion, et bien sûr, de la nature du lait qu’il a ingéré.

Si votre bébé vomit de façon épisodique, vous pouvez très bien lui redonner un biberon de lait dans la demi-heure qui suit, dans la mesure où il manifeste sa faim.

Conseils anti-reflux à adopter

  • Respectez les règles de dilution des biberons ; une mesure arasée de lait en poudre pour 30 mg d’eau, ni plus ni moins.
  • Donnez à manger lentement, avec une tétine adaptée (à trois vitesses) et en ménageant des pauses.
  • Surtout, ne forcez jamais votre bébé à finir son biberon.
  • Après le repas, gardez-le un bon moment en position verticale avant de le coucher.

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