Que faire s’il ne mange rien ?

Les repas se suivent… et se ressemblent tellement. Vous pouvez déployer des trésors d’imagination et d’ingéniosité pour lui faire ingurgiter, un à un, quelques petits pois : il vous sourit, et continue d’émietter son morceau de pain sur la nappe…

« À table, chérie ! », « À TABLE TOUT DE SUITE ! », « Sais-tu qu’il y a des enfants qui meurent de faim et qui rêveraient de manger ça ? » Votre fille traîne les pieds jusqu’à la cuisine, s’assied sans joie et regarde le contenu de son assiette avec suspicion. À chaque repas, c’est la même rengaine : elle boude les menus que vous lui avez préparés avec amour. Et évidemment, ça énerve ! Vous ne vous sentez plus « nourricière », vous n’entendez pas que votre fille n’a pas faim, vous entendez qu’elle ne vous aime pas, qu’elle se laisse dépérir.

Sachez, même si c’est une maigre consolation, que 80 % des enfants passent par une période de rejet alimentaire vers l’âge de 2 ans. Primo, à ce moment-là, l’enfant s’émancipe, reconnaît les diverses denrées et, comme il manie seul sa fourchette, choisit ce qui lui plaît. Deuzio, il traverse sa phase du non et s’oppose à ses parents. Tertio, il est très sollicité par de nouveaux apprentissages et se sécurise en n’avalant que ce qu’il apprécie et connaît. Quarto, il « souffre » de néophobie, ce qui signifie qu’il se méfie de tous les mets nouveaux.

Alors si votre enfant mange peu, se révèle difficile, inutile de dramatiser, c’est une situation assez banale. D’ici quelques mois, il adoptera un comportement alimentaire tout ce qu’il y a de plus sain.

Faites preuve de souplesse

  • Si la mère dépose avec brutalité l’assiette devant l’enfant et la lui reprend, encore pleine, avec rage, même sans dire un mot, elle court à l’échec. Évitez de l’affronter, usez tour à tour de ruse ou de diplomatie, et adaptez-vous :
  • S’il a bien mangé le midi, à la crèche ou à l’école, il peut avoir moins besoin d’un solide repas le soir.
  • La croissance des enfants se déroule par à-coups. À ces moments de croissance, ils mangent beaucoup. À d’autres moments, ils paraissent avoir à peine faim. Tenez-en compte.
  • Servez-lui de petites quantités, une assiette trop garnie peut le décourager. Au besoin, décorez son assiette pour la rendre plus attractive.
  • Peu importe s’il mange avec ses doigts, l’essentiel c’est qu’il mange seul, et avec plaisir. Alors évidemment, il va falloir remplacer la soupe par des aliments solides, des petits bouts de jambon mélangés à des morceaux de chou-fleur par exemple.
  • À la fin du repas, proposez-lui un dessert. Le chantage « pas de haricots, pas de yaourt » n’a aucune prise sur lui.
  • Il n’y a aucune raison scientifique pour obliger l’enfant à manger 3 fois par jour s’il ne le veut pas. Il se pliera de toute façon à cette règle sociale un jour ou l’autre. Certains enfants se portent très bien avec un seul bon repas par jour, les autres se résumant à une lente mastication teintée d’ennui…
  • Permettre des choix raisonnables peut s’avérer efficace : « Tu veux du lait ou du jus de fruit ? »

Mangez avec votre enfant dans de bonnes conditions

Montrez-lui l’exemple en mangeant des choses variées devant lui. Dès deux ans, prenez-le à table avec vous et proposez-lui le même menu en l’invitant à goûter des choses nouvelles. Les enfants aiment bien être à table avec les adultes, mais le repas ne doit pas durer trop longtemps. Cela lui apprend que le temps du repas en famille est un moment convivial. Rythmer les journées avec des repas évite par ailleurs les mauvaises habitudes de grignotage. À table, faites des commentaires sur les aliments : « Tu sens comme ça sent bon ? », « Ton papa adorait ça quand il était petit », « C’est sucré », « C’est salé »… Proposez-lui de manger tout seul avec une cuillère adaptée plutôt que de lui donner des bouchées. Même s’il en met un peu à côté, il faut accepter qu’il puisse se salir, qu’il y mette les doigts. Et s’il mange seul parfois, avant vous, un petit jouet lui tiendra mieux compagnie qu’un dessin animé.

Essayez le pique-nique !

L’organisation d’un pique-nique le week-end est une forme originale de repas. Le repas différent, pris à la maison, est aussi souvent très apprécié de l’enfant : chocolat au lait et tartines comme au petit déjeuner, ou alors croque-monsieur, petites saucisses cocktail, petites cubes de fromage apéritifs, pizzas, quiches, tartes, etc. Il n’est pas question de changer les habitudes familiales définitivement, de partir en pique-nique tous les midis et de préparer un apéritif dinatoire chaque soir ! Il s’agit juste de lui redonner le goût de manger, et de lui montrer que la « table » est un lieu de plaisir, et pas un ring de boxe…

Allégez les contraintes pour les repas

Pour donner ou redonner à l’enfant le goût de s’alimenter, il faut éviter toute contrainte dans les horaires, préparer des plats appétissants et les offrir dans un cadre familial agréable et détendu. Il est certain qu’un repas pris avec des parents dont le regard est rivé sur l’écran de la télévision n’est pas très engageant pour un enfant qui réclame un échange affectif…

Les erreurs à ne pas commettre.

Ne le privez pas de dessert parce qu’il refuse sa purée : manger un laitage est bénéfique à son équilibre.

Ne le menacez pas avec des « puisque tu ne veux pas manger, c’est au lit tout de suite » : le lit ne doit jamais devenir une punition.

Ne vous crispez pas sur le repas du soir, car votre enfant est peut-être fatigué : jusqu’à 3-4 ans, et dans certaines conditions (retour de voyage tardif…), vous pouvez lui proposer un biberon pour le dîner.

Détendez-vous !

  • Tout ne doit pas être pas centré sur l’appétit de l’enfant, sur ce qu’il mange et ce qu’il laisse. S’il se rend compte que ses parents accordent moins d’importance à la prise des repas, il prendra moins de plaisir à refuser de s’alimenter. Alors cessez d’employer la force, la ruse, les jeux, etc.
  • Surtout, ne parlez plus de nourriture devant lui comme si ce sujet, dorénavant, ne vous intéressait plus.
  • Dans un premier temps, il est plus raisonnable d’éviter de faire de la grande cuisine : il est désespérant de voir la mine dégoûtée de l’enfant devant votre plat mijoté pendant des heures avec amour. Des plats surgelés, des plats simples auront moins d’effets sentimentaux en cas de refus !
  • Pensez aussi à redonner aux repas l’ambiance conviviale qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’avoir : plaisantez, parlez… N’incluez pas systématiquement votre enfant dans la conversation ; intéressé et trop sollicité il pourrait en « oublier » de manger même s’il a faim.
  • Cessez de l’épier à la dérobée pour voir si votre stratagème fonctionne. Et passé le délai normal, débarrassez son assiette en même temps que la vôtre.
  • Si son refus de s’alimenter coïncide avec d’autres troubles (agressivité, mélancolie…), n’attendez pas pour consulter un pédiatre. Une aide psychologique l’aidera à retrouver le chemin de son assiette.

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