Le quatrième mois de grossesse Par le Professeur René Frydman

Enfin, le premier trimestre est derrière vous ! Adieu nausées, vomissements et fatigue. Le second trimestre sera, en revanche, celui au cours duquel votre enfant va se développer à vitesse grand V !

Votre bébé ayant besoin de plus en plus de place, votre utérus grossit et cela peut parfois occasionner des douleurs assez aiguës de chaque côté du bas-ventre, au niveau de l’aine : ce sont les douleurs ligamentaires. Ne vous inquiétez pas, elles sont tout à fait normales car l’utérus est un gros muscle attaché aux os du bassin par des ligaments. Au cours de sa croissance, ces derniers sont mis en tension et deviennent douloureux. La croissance de votre utérus entraîne également une pression de plus en plus nette sur votre vessie et vous avez besoin d’aller uriner plus souvent que d’habitude. Ce phénomène est normal, il ne doit pas vous conduire à moins boire. Enfin, vos intestins vont également devoir laisser de la place à cet utérus grandissant et se loger… où ils pourront ! Une constipation peut apparaître. Pour y remédier, consommez une alimentation riche en fibres, marchez environ 30 minutes par jour et, si besoin, demandez une médication appropriée.

Bébé a trouvé son pouce

C’est une période de grand développement pour votre bébé. Ses cheveux et ses ongles commencent à pousser. Il se couvre de poils. Cette pilosité, appelée lanugo, retient un enduit glissant, le vernix caseosa. Celui-ci protège la peau du bébé et servira de lubrifiant lors de l’expulsion. Votre bébé est désormais bien plus mobile : il tourne les yeux, fronce les sourcils et peut même sucer son pouce. Ses organes se développent aussi beaucoup : son intestin commence à réintégrer la cavité abdominale qui s’est agrandie, sa glande thyroïde commence à être fonctionnelle et fabrique l’hormone thyroïdienne, si importante durant toute la vie. Elle assurera, entre autres, la croissance de l’enfant. À la 17e semaine d’aménorrhée, il mesure environ 19 cm et pèse 200 g.

Il bouge !

Votre bébé s’agite dans son liquide amniotique. À lui les cabrioles et les ruades ! À cette période gestationnelle, certaines d’entre vous peuvent d’ores et déjà sentir les premiers mouvements du bébé. Cela se manifeste par la sensation de bulles qui éclatent dans le ventre. S’il s’agit de votre premier enfant, vous le sentirez plus probablement bouger vers la fin du quatrième mois ou au début du cinquième, le soir, en position allongée et au calme.

Opération anti-vergetures

La grossesse est une épreuve pour le corps, qui se transforme au fil des mois. Après l’accouchement, vous retrouverez peu à peu votre physique d’avant. Toutefois, pour ne pas en garder les stigmates, quelques précautions simples sont à prendre. Beaucoup de jeunes mamans craignent de voir apparaître sur la peau de leur ventre, de leurs hanches et de leurs seins ces marques blanches appelées vergetures. Elles sont dues à une rupture des fibres élastiques du derme. Elles ressemblent à des cicatrices de 5 à 15 cm et elles peuvent apparaître brutalement, en 24 heures à peine ! Elles se dévoilent en deux temps : vous voyez tout d’abord se dessiner sur votre peau des marques violacées qui, parfois, démangent un peu. C’est la phase inflammatoire. En quelques mois, votre peau va redevenir progressivement blanche : la vergeture s’est installée sous l’aspect d’une cicatrice blanchâtre. Pour les éviter, la première des recommandations est de ne pas prendre trop de poids et de traiter le plus tôt possible, pourquoi pas avant même de tomber enceinte, votre peau avec des crèmes spécifiques ou de l’huile d’amande douce. Ces soins ont pour but d’améliorer l’élasticité et la résistance de la peau. Pour être efficace, ils doivent être appliqués tous les jours en massage.

Vous avez la peau sèche ?

Jusqu’à présent, votre peau ne vous posait pas de problèmes particuliers, et voilà que depuis que vous êtes enceinte, elle tire et est inconfortable. Tout cela est normal. Durant ces neuf mois, la peau ne produit plus assez de sébum, d’où un assèchement de votre épiderme. L’utilisation de produits hydratants est donc indispensable. Chaque matin et chaque soir, utilisez des laits démaquillants aux textures riches et sans rinçage. Appliquez-vous ensuite une crème estampillée « peaux sèches ». Chaque semaine, faites-vous un gommage afin de faire disparaître les cellules mortes en surface et de faciliter ainsi l’absorption des actifs hydrants par la peau et faites suivre ce soin par un masque hydratant. Vous retrouverez en quelques semaines une vraie peau de bébé.

Attention au masque de grossesse

Le masque de grossesse touche 70 % des femmes enceintes, à partir du quatrième mois de la grossesse. Il se manifeste par l’apparition de taches brunes sur le visage, au niveau des pommettes, sur le front, le menton et au-dessus des lèvres. D’où viennent-elles ? Il s’agit d’une réaction de l’épiderme, modifié par les hormones, sous l’action du soleil. Les mesures de prévention consistent à s’isoler le plus possible des rayons du soleil. Concrètement, cela nécessite aussi d’appliquer, hiver comme été, une crème solaire indice 50, d’éviter de s’exposer au soleil, en particulier aux heures les plus chaudes, c’est-à-dire entre 11 et 16 heures et de porter un chapeau pour se protéger le visage. Si malheureusement, vous n’avez pu échapper au masque de grossesse, sachez qu’il existe des crèmes dépigmentantes que vous pourrez vous appliquer après l’accouchement. Si elles sont inefficaces, consultez un dermatologue.

Des cheveux de toute beauté

Votre peau n’est pas la seule à subir quelques modifications. Vous remarquez que, durant ces neuf mois, la nature de vos cheveux change : ils sont moins gras et moins fourchus grâce à l’apport d’œstrogènes et leur chute est ralentie, leur donnant un plus joli volume. Pour garder toute leur beauté, lavez-les régulièrement avec un shampooing doux. Contrairement aux idées reçues, il n’est pas interdit durant la grossesse de vous offrir une coloration. Parfois, cependant, l’inverse se produit et vos cheveux deviennent secs et cassants. Il faudra les soigner pour contrer cette tendance.

Attention à vos dents

Durant cette période, les gencives sont plus sensibles. La raison ? Le bouleversement hormonal déséquilibre la flore bactérienne et favorise l’inflammation des gencives : les fameuses gingivites font alors leur apparition. Brossez-vous régulièrement les dents après chaque repas et utilisez quotidiennement du fil dentaire. Un suivi régulier chez le dentiste n’est pas superflu durant ces neuf mois ainsi qu’un bilan de contrôle vers le quatrième mois car les problèmes gingivaux peuvent s’aggraver avec le tartre.

Bien choisir vos vêtements de grossesse

Ce n’est pas parce que votre ventre a pris de l’ampleur que vous ne pouvez plus être coquette. Rendez-vous dans les boutiques ou les rayons spécialisés. Vous y trouverez de très beaux vêtements qui mettront vos nouvelles rondeurs en valeur. Choisissez de préférence des tenues dites « évolutives » : cela signifie que leur coupe s’adaptera à l’évolution de votre silhouette, qui ne manquera pas de changer encore et encore d’ici la fin de votre grossesse. Pour le bas, privilégiez des pantalons ou des robes fluides qui épouseront votre corps sans entraver la circulation sanguine.

C’est l’heure du deuxième examen

Ce second examen est obligatoire. Il consiste, comme le tout premier, en un examen gynécologique avec vérification du poids, de la tension artérielle et de l’absence d’albumine et de sucres dans vos urines. Le médecin qui vous suit vous prescrira des analyses de sang classiques pour contrôler votre glycémie, votre numération globulaire et l’absence d’agglutinines irrégulières si vous êtes de Rhésus négatif. Petite nouveauté : votre médecin en profitera en plus pour mesurer, à l’aide d’un ruban de couturière, votre hauteur utérine (HU) c’est-à-dire la distance entre le bord supérieur du pubis et le fond de l’utérus. Ceci permet de contrôler la croissance du bébé. Au quatrième mois, votre HU est de 16 cm environ. Enfin, il observera également votre col de l’utérus, afin de vérifier qu’il ne s’est pas ouvert depuis le dernier examen. En cas de béance du col, pour éviter une fausse couche ou un accouchement prématuré, votre médecin peut vous conseiller un cerclage. Il consiste à maintenir le col fermé par un fil très solide passé tout autour. Cette intervention est parfois faite sous anesthésie générale, mais le plus souvent sous anesthésie loco-régionale. L’hospitalisation dure habituellement de 24 à 48 heures, car le fait de tirer sur le col pour le fermer peut entraîner quelques contractions. Le décerclage a le plus souvent lieu vers la 37e semaine, en consultation.

L’amniocentèse

Cet examen n’est pas obligatoire, même s’il est remboursé aux femmes de plus de 38 ans. On le propose à celles dont le résultat du tri-test, pratiqué quelques semaines auparavant, a fait apparaître un résultat témoignant d’un risque d’anomalies génétiques supérieur à 1/250. Il s’agit de prélever un peu de liquide amniotique qui contient les cellules du bébé. Celles-ci sont ensuite analysées afin d’établir le caryotype du bébé, c’est-à-dire sa carte d’identité chromosomique, et de dépister ainsi d’éventuels problèmes. Cet examen doit être fait entre la 16e et la 18e semaine d’aménorrhée. Avant cette date, il n’y a pas assez de liquide amniotique ni de cellules fœtales pour faire l’examen. L’amniocentèse se déroule toujours dans un centre spécialisé car, bien que la technique soit relativement simple, ce n’est pas un examen de routine : le risque de fausse couche existe, il est de l’ordre de 0,5 %. Comment se passe cet examen ? Vous êtes allongée sur le dos. Après avoir repéré le fœtus par échographie, le praticien enfonce une très fine aiguille à travers l’abdomen et la paroi utérine jusque dans la cavité amniotique et prélève 5 à 10 ml de liquide. Cet examen est très impressionnant, mais sachez qu’il est pratiquement indolore. Si vous êtes de Rhésus négatif, le praticien vous injectera, après intervention, des immunoglobulines anti-D. Après un bref repos, vous pourrez rentrer chez vous. Les résultats vous parviendront dans un délai minimum de 15 jours. Parfois, un prélèvement de trophoblastes pour caryotype, c’est-à-dire du placenta, peut vous être proposé plus tôt en cas d’anomalies détectées à l’échographie, réalisée vers la 12e semaine.

Le test de dépistage

Cette visite est aussi l’occasion de vous faire passer le fameux tri-test. Il s’agit d’un examen de dépistage par dosage sanguin de trois hormones d’origine placentaire. Il permet d’estimer le risque de porter un enfant atteint de trisomie 21. Il doit être réalisé entre la 14e et la 18e semaine d’aménorrhée. Votre médecin recevra le résultat une quinzaine de jours après la prise de sang et pourra alors l’interpréter. Lorsque le risque est supérieur à 1/250, une amniocentèse est proposée. Sachez que ce test n’est pas obligatoire et vous avez parfaitement le droit de le refuser. Dans ce cas, le médecin vous fera signer une décharge spécifiant qu’il vous a bien informé de l’utilité d’un tel test mais que vous préférez y renoncer. Le tri-test permet de diagnostiquer environ 70 % des fœtus trisomiques. Dans un futur proche, ce test se fera plus tôt, vers la 12e semaine.

Le premier entretien avec la sage-femme

Il n’est pas obligatoire mais doit être proposé à toutes femmes enceintes. Il dure une heure et est l’occasion d’évoquer certaines questions concernant votre corps, votre environnement affectif, professionnel, votre projet de naissance… C’est aussi l’occasion de poser toutes les questions qui vous taraudent à propos de votre grossesse, mais aussi sur les examens à passer que vous n’auriez peut-être pas bien compris.

Inscrire son bébé à la crèche

Même si l’arrivée de votre bébé vous semble encore bien loin, si vous souhaitez l’inscrire dans une crèche, il faut vous y prendre dès maintenant tant les places sont comptées. Votre mairie pourra vous fournir la liste des crèches proches de chez vous. Dans un premier temps, l’inscription sera provisoire. S’il y a de la place, elle deviendra effective seulement après la naissance de l’enfant et sur avis favorable du médecin de la crèche. à ce moment-là, vous devrez vous y rendre avec le carnet de santé de votre bébé, un justificatif de domicile ainsi que les bulletins de salaire des personnes constituant le foyer, car le tarif dépend de vos revenus.

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