La dépression pendant la grossesse Par le Professeur René Frydman

La grossesse n’est pas toujours pour les jeunes mamans un moment d’épanouissement absolu. Au contraire, elle peut être jalonnée de périodes de doute, d’inquiétude, de tristesse et parfois même de dépression. Et ce, souvent sans raison apparente.

Les épisodes dépressifs pendant la grossesse ne sont pas rares. Aussi, rassurez-vous : vous ne devez pas avoir honte d’être mal dans votre peau et vous devez en parler ! Votre gynécologue est le plus à même de vous écouter, car il saura trouver les mots justes pour vous réconforter et éviter que vous ne sombriez réellement dans une dépression qui pourrait se montrer néfaste pour le bébé comme pour vous. En effet, si la dépression n’est pas soignée durant la grossesse, elle peut se transformer en dépression post-partum (période après l’accouchement) qui dure parfois plusieurs mois et nuit aux liens entre l’enfant et sa mère.

Antidépresseurs et grossesse

Durant la grossesse, la prise de médicaments est limitée et doit être strictement contrôlée. Aussi, ne poursuivez pas un traitement anxiolytique prescrit avant votre grossesse. Votre médecin vous conseillera des antidépresseurs adaptés à votre état, qui ne seront pas nocifs pour le bébé. Sachez donc qu’un traitement médical est parfaitement envisageable.

La thérapie peut vous aider

Si parler de votre angoisse à votre entourage ou à votre médecin traitant ne suffit pas, n’hésitez pas à consulter un thérapeute (tel un psychologue ou un psychothérapeute). Il suffit parfois de quelques séances pour vous permettre de retrouver confiance en vous et vous rassurer sur votre avenir. Quoi qu’il en soit, dès les premiers signes de tristesse ou d’angoisse prolongés, parlez-en autour de vous et n’ayez pas recours à l’automédication avec de la phytothérapie. Contrairement à ce qu’on peut croire, des plantes mal administrées peuvent se révéler dangereuses.

Dépression ou symptômes de grossesse ?

Les symptômes éprouvés lors du premier et du troisième trimestre de grossesse ressemblent beaucoup à ceux diagnostiqués lors d’une dépression : fatigue, perte d’appétit ou au contraire pulsions boulimiques, mal-être physique… Ces bouleversements sont principalement dus au chamboulement hormonal. Il est donc courant de constater des sautes d’humeur et de l’anxiété chez les femmes enceintes durant cette période de leur grossesse. Tout cela est normal ! En revanche, durant le deuxième trimestre, les hormones se calment, la femme apprivoise mieux les changements qui s’opèrent en elle et commence même à les apprécier. Il est donc difficile de diagnostiquer l’état dépressif d’une femme enceinte, hormis au deuxième trimestre : si l’état de mal-être se poursuit, il est possible que la dépression en soit la véritable cause.

Les facteurs de dépression durant la grossesse

  • L’hérédité : eh oui, la génétique fait parfois mal les choses ! Car si votre mère a souffert de dépression pré ou postnatale, vous risquez d’y être confrontée également. Aussi, vous pouvez prendre les devants en en discutant avec votre gynécologue dès votre première visite. Il pourra vous prescrire de l’homéopathie en prévention ou vous adresser à un spécialiste.
  • Des dépressions à répétition : si vous avez été dépressive à l’adolescence ou même adulte, vous risquez de replonger durant votre grossesse, car la femme est plus vulnérable durant cette période. Idem si vous en êtes à votre deuxième enfant et que, au cours de la grossesse ou de l’accouchement du premier, vous avez connu le « baby blues ». Dans ces cas-là, faites-vous suivre dès le premier mois de grossesse.
  • La situation sociale et familiale : la femme enceinte doit être particulièrement entourée et choyée. Si cela n’est pas le cas et qu’elle souffre en plus d’un désintérêt notable de la part de son partenaire, d’un manque de soutien de sa famille ou de son employeur, une dépression peut rapidement survenir. Aussi, n’hésitez pas à « secouer » votre entourage en lui rappelant votre état. Si les résultats sont peu probants, faites-vous aider par des personnes plus à l’écoute.

Les techniques de relaxation

Il existe de nombreuses méthodes pour se relaxer en attendant bébé. À vous d’adopter celle qui vous ressemble et vous fera le plus de bien !

  • Le chant prénatal : l’objectif de cette pratique est de détendre la future maman, mais aussi de tisser des liens avec le bébé. Les sons chantés pénètrent le corps de la mère sous forme de vibrations et se transforment en espèces de « massages » pour la maman et le bébé. Par ailleurs, la pratique des vocalises développe le souffle, ce qui sera bénéfique lors de l’accouchement au moment où le cœur s’accélère. Certains sons graves émis lors des chants permettent aussi une détente du bassin et du périnée. Durant l’expulsion, ils faciliteront le travail et apaiseront les douleurs.
  • La sophrologie : elle permet de retrouver ou de conserver un équilibre physique et psychologique. Ce type de relaxation plonge dans un état proche de l’endormissement. Le praticien vous transporte, à l’aide de sons et d’images, dans un état de bien-être. Il aide à prendre conscience de son corps, à ressentir et à visualiser le bébé durant les contractions et au moment de l’expulsion. Familiarisée avec les différentes étapes de l’accouchement, vous aurez davantage l’impression de le maîtriser et non plus de le subir. La respiration est également travaillée.
  • Le yoga : cette discipline spirituelle est axée sur la méditation, la détente et la recherche de sérénité. Avec elle, vous apprenez à ne penser qu’à vous et à votre bébé et à oublier les soucis du quotidien. Vous évacuez également la fatigue, les angoisses et les douleurs à travers une maîtrise du souffle et un relâchement musculaire. Vous parviendrez ainsi à mieux maîtriser votre accouchement grâce à un mental d’acier et à un contrôle de votre souffle et de votre corps.
  • Les massages : renseignez-vous auprès de votre médecin pour connaître les lieux de massages adaptés aux femmes enceintes, ensuite, foncez ! Car les massages favorisent le sommeil, soulagent le dos, les tensions dans les trapèzes et les épaules, libèrent les douleurs des jambes lourdes. La relaxation du corps influe ensuite sur le mental.

Les Oméga 3 contre la dépression

Certaines études ont démontré que la consommation prolongée de compléments alimentaires riches en oméga 3 durant la grossesse permettait de garder le moral au beau fixe et d’éviter le « baby blues ». Ces acides gras aident le cerveau à produire de la sérotonine dont le déficit entraîne un mal-être psychologique. Mais ne prenez aucun complément alimentaire sans en parler à votre médecin. Il vous prescrira un traitement parfaitement adapté à votre état.

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