La couvade du futur papa

Les hommes ont leur manière à eux de vivre la grossesse et d’exprimer, pas toujours avec des mots, leur volonté de tenir toute leur place de futurs papas. C’est ce que l’on appelle joliment le « syndrome de la couvade ».

Pendant le premier trimestre de la grossesse, certaines femmes ne prennent pas de poids, tandis que leur compagnon peut accuser facilement 4 ou 5 kg d’excédent pondéral ! Eh oui, expression inconsciente et spectaculaire de leur propre désir de faire un enfant, 20 % des futurs pères s’arrondissent et ressentent souvent nausées matinales, envies alimentaires, maux d’estomac, douleurs lombaires. Mais dites-moi, ça ne vous rappelle rien ?

L'homme enceint ?

Ce phénomène, bien connu et assez courant, résulte du désir de l’homme de participer activement à cette grossesse qui va transformer sa vie. Il se prépare à son nouveau rôle de père et ces manifestations physiques sont sa façon à lui d’attirer l’attention des proches, souvent focalisée sur le ventre tout rond de sa compagne. Ces manifestations psychosomatiques sont aussi un moyen d’exprimer les questions et les craintes que suscite cette grossesse, et qu’il ne se permet pas toujours de mettre en mots, tout désireux qu’il est d’être bientôt papa.

Du repos pour papa

Tout le travail d’installation dans la paternité se révélant éprouvant pour l’homme après la naissance, tant physiquement que psychiquement, il faudrait lui reconnaître, comme au temps de la couvade, le droit à plus de repos.

Rituels d'ailleurs

Dans certaines cultures, les futurs pères se voient octroyé un moment particulier, équivalent à celui de la future mère, pour s’approprier la grossesse et vivre leur délivrance à eux. Dans certains pays africains notamment, au moment de l’accouchement, le père de l’enfant à naître s’alite dans une case à part. Il reste plusieurs jours sur une couche de feuillages et se nourrit de bouillies lactées. Si ce rituel le légitime comme père, il reçoit aussi les encouragements des proches, les cadeaux, les soins, même s’il n’est pas le père biologique. La femme, elle, a repris ses activités dès l’arrivée de l’enfant.

Des émotions toutes neuves

Les hommes aussi peuvent ressentir des changements émotionnels importants, durant la grossesse, comme de la tristesse ou même de la dépression. Ils peuvent percevoir l’enfant comme un intrus et se sentir soudain exclus de la relation directe mère-enfant. Ils peuvent aussi se sentir jaloux de ne pouvoir porter eux-mêmes l’enfant. Et puis devenir père, c’est admettre la succession des générations qui disparaissent pour laisser place aux suivantes : c’est accepter de se retrouver en première ligne et c’est bouleversant. Le jeune homme insouciant doit faire place à un papa responsable et à la hauteur, et les questions surgissent : quel père vais-je être ? Pourquoi n’ai-je pas encore la fibre paternelle ? Eh oui, devenir papa ne va pas forcément de soi…

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